L’année débute en force au RQUMM avec de nombreux cas de harcèlement et dérangement auprès des blanchons, la présence d’un jeune phoque gris à Québec, la relocalisation d’un phoque barbu juvénile, des carcasses de bélugas dans le Bas-Saint-Laurent et, sans oublier, deux carcasses de petits rorquals échouées la même semaine!

La folie des blanchons du mois de mars

En raison de la diminution du couvert de glace dans le golfe et l’estuaire, les phoques du Groenland mettent désormais bas plus près des rivages, ce qui rend leurs petits particulièrement vulnérables aux contacts humains. Les défis liés à cette cohabitation ont été clairement perceptibles cette année.

Depuis janvier, plus de 30 incidents impliquant des blanchons, soit les jeunes phoques du Groenland, ont fait la une des médias et des réseaux sociaux. En effet, certaines personnes s’en sont approchés jusqu’à les flatter ou même à les déplacer, occasionnant plusieurs cas de harcèlement traités par Urgences Mammifères Marins (UMM).

Cette année, la recrudescence de ce type de cas souligne l’importance de la collaboration entre le RQUMM, les scientifiques et les agents et agentes de Pêches et Océans Canada (MPO), afin de sensibiliser le public sur les bons comportements à adopter en présence de ces jeunes mammifères recouverts de fin pelage blanc. En outre, grâce à son rôle de vigie, UMM assure la documentation et un suivi rigoureux de ces incidents, principalement en vue d’une meilleure prévention au printemps prochain. En effet, les diverses documentations réceptionnées par UMM fournissent des données complémentaires aux projets de recherche des partenaires du RQUMM pour suivre les états de populations et les défis auxquels ils font face.

En vedette : un phoque gris dans la rivière Saint-Charles

Au début du mois d’avril, la présence d’un jeune phoque gris dans la rivière Saint-Charles, à la hauteur du Vieux-Limoilou, a suscité la surprise des citoyens et citoyennes. L’animal aurait possiblement suivi un banc de poissons jusqu’à Québec, franchissant un barrage habituellement fermé à cette période de l’année. Une brèche, peut-être causée par un brise-lame manquant ou endommagé, aurait permis son passage. Cependant, UMM ne peut confirmer avec certitude le point de traverse emprunté par le pinnipède. Malgré sa présence hors de son aire de distribution optimale, le phoque gris a été observé les jours suivants en amont du barrage, se reposant sur une petite île et se nourrissant activement.

La Centrale UMM, en collaboration avec la Ville de Québec, a assuré un suivi accru de la situation. Des bénévoles du RQUMM ont été mobilisés pour effectuer une vigie et limiter les dérangements, tandis que la Centrale UMM conservait un contact direct avec un technicien sur les lieux. Une consultation vétérinaire a confirmé que le phoque était en bonne condition et démontrait des comportements normaux. À la suite du diagnostic, étant donné que l’animal se déplaçait librement, le RQUMM a continué de surveiller ses déplacements ainsi que l’évolution de son état de santé, afin de réduire les risques associés à sa présence dans un secteur très fréquenté. Le phoque n’a pas été aperçu depuis, ce qui suggère qu’il a quitté les lieux.

Un visiteur moustachu à Portneuf, une relocalisation réussie!

Le 1er mai, un signalement de harcèlement et d’un individu hors habitat impliquant un phoque barbu juvénile sur une rampe de mise à l’eau, dans le secteur de la marina de Portneuf, a été reçu. Cette fois-ci, des événements soulevant des enjeux de sécurité publique et laissant craindre pour son bien-être ont mené le RQUMM à intervenir rapidement. La prise de décision dans ce type de cas constitue une tâche délicate, considérant l’avis des spécialistes et le regard critique du public.

Sous la coordination du RQUMM, l’équipe de l’Aquarium de Québec a capturé l’animal en vue de le relocaliser. Une peinture rouge épaisse et non toxique a été appliquée le long de son dos afin de pouvoir l’identifier facilement s’il venait à être revu plus tard. Il a été relâché avec succès sur une plage peu fréquentée près de Tadoussac. C’est ainsi que le jeune phoque barbu a repris le large.

Et les bélugas ?

Neuf carcasses de bélugas ont été signalées ce printemps, ce qui excède déjà le nombre total de carcasses de l’espèce répertoriées l’année précédente. Cinq d’entre elles ont été récupérées et livrées par l’équipe mobile du RQUMM à la faculté de médecine vétérinaire de Saint-Hyacinthe, où une nécropsie a été réalisée afin d’obtenir des renseignements sur les causes de la mort de l’animal. Pour les autres, des échantillons ont été prélevés dans le but d’acquérir de précieuses données et ainsi contribuer au suivi de la population de cette espèce emblématique du Saint-Laurent.

 

 

Deux cas successifs de petits rorquals

>Durant la semaine du 15 juin, deux carcasses de petits rorquals ont bien occupé l’équipe mobile d’UMM! La première, une femelle d’environ sept mètres, s’est échouée dans le secteur de Grande-Rivière. La deuxième, un mâle juvénile long d’un peu moins de quatre mètres, a été retrouvée sur les berges de Sainte-Antoine-de-l’Isle-aux-Grues. Des échantillons de peau, de gras et de muscles ont été prélevés, ainsi que des fanons dans le but d’analyser l’ADN de l’individu. La racine des fanons constitue une véritable archive biologique. Les fanons sont analysés en laboratoire pour déterminer l’âge, retracer l’historique alimentaire et les migrations de l’animal. Par ailleurs, ils permettent aussi d’estimer l’intervalle entre les naissances, contribuant ainsi à une meilleure compréhension de l’historique de reproduction.

Urgences Mammifères Marins - 17/7/2025

Ophélie Turgeon

Ophélie occupe un poste hybride de répondante UMM et de rédactrice scientifique depuis 2025. Après plusieurs années d’expérience professionnelle en plongée sous-marine à l’étranger, elle conjugue rigueur scientifique et sens de la communication. Elle puise son ancrage dans un lien profond avec le fleuve, ayant passé ses étés sur l'Ile Verte. Elle allie sa formation en biologie à une passion pour le partage des savoirs, rendant la science accessible et engageante pour divers publics

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