Par Marie-Maude Rondeau
Avez-vous déjà entendu parler de Valleau, le cachalot dont la carcasse s’est échouée à L’Anse-à-Valleau en 2003? Aujourd’hui, son squelette est exposé au Centre d’interprétation des mammifères marins à Tadoussac. Un travail colossal se cache derrière la reconstitution de ce squelette. En effet, l’équipe du GREMM s’était rendue en Gaspésie pour procéder au dépeçage de l’animal. Cette besogne, un membre de l’équipe en est même resté marqué… par un poxvirus ! Moins de 48 heures après l’incident, une réaction s’était développée sur la presque totalité de son corps. Il s’agissait, d’ailleurs, du premier cas confirmé de contamination d’un cachalot par ce virus.
Qu’est-ce qu’une zoonose?
Les zoonoses sont des maladies transmissibles des animaux vers les humains. Il existe encore peu d’information sur les zoonoses reliées aux mammifères marins et les risques ne sont pas encore tous bien identifiés. Ces maladies peuvent être transmises autant par des animaux vivants que morts, par contact direct ou indirect. Les agents pathogènes peuvent être d’origine bactérienne, virale ou fongique.
Bon à savoir…
Les zoonoses sont variées, pas toutes bien connues et, forcément, pas toujours bien traitées. De plus, des agents pathogènes différents peuvent provoquer les mêmes symptômes chez leur hôte, mais la maladie qui les cause peut demander des traitements différents. En effet, selon la source d’infection, une maladie peut se guérir par antibiotiques alors que pour une autre, ils seront inefficaces.
De plus, pour les gens ne travaillant pas de manière quotidienne avec les mammifères marins, il est possible de ne pas faire le lien entre l’apparition de symptômes et le contact avec un mammifère marin au cours des jours précédents. Des effets peuvent se faire ressentir plusieurs jours après le contact. Certains symptômes peuvent même parfois s’apparenter à ceux de la grippe… question de semer la confusion. Bien que beaucoup de zoonoses se manifestent par des infections locales, comme le «Seal Finger», d’autres types d’infections peuvent avoir un impact plus sérieux au niveau de la santé à long terme.
Le Réseau québécois d’urgences pour les mammifères marins (RQUMM) a reçu cet été un signalement pour une carcasse de phoque gris. L’animal était en bon état, la carcasse a donc été récupérée afin d’être nécropsiée par le Centre québécois pour la santé des animaux sauvages (CQSAS). Rien ne semblait, à priori, anormal sur l’animal : pas de blessures ou de lésions particulières observées. Les résultats de nécropsie ont toutefois dévoilé une tout autre réalité. Le phoque gris est décédé à la suite d’une infection pulmonaire de grande intensité. Les carcasses, même sans lésions apparentes, peuvent être porteuses de ces bactéries ou de virus et il incombe d’être prudents, surtout si nous avons des coupures ou des blessures sur nos mains, qui constituent des portes d’entrée de choix pour les pathogènes. Voilà pourquoi nos équipes portent toujours des gants lorsqu’elles manipulent une carcasse.
D’autres risques indirects
Lorsqu’une baleine se retrouve échouée, le gras de la carcasse se liquéfie rapidement. Et une baleine, ça en a beaucoup, de gras! S’approcher d’une carcasse, c’est vite tomber en terrain glissant et parfois sanglant. Il faut faire attention, puisque le sang peut être contaminé. De plus, des bulles de gaz peuvent parfois se former sur le corps et se rompre sans avertissement. Il faut aussi être prudent si le corps d’une baleine roule dans les vagues, à la limite du rivage. S’approcher trop près, c’est risquer de tomber dans l’eau et d’avoir plusieurs tonnes au-dessus de la tête.
Si vous croisez une carcasse de mammifère marin, il est important de ne pas toucher l’animal et d’appeler plutôt le Réseau québécois d’urgences pour mammifères marins au 1-877-722-5346. L’animal sera documenté, parfois échantillonné ou même nécropsié, mais jamais sans précautions ou sans équipement de protection individuelle.