Lors d’une entrevue avec Moira Brown, scientifique senior au New England Aquarium (Boston, Massachusetts), Baleines en direct lui a posé la question suivante: Pourquoi les baleines franches sont-elles si susceptibles d’être victimes de collisions et de prises accidentelles ?

M. B. : La baleine noire de l’Atlantique Nord, aussi appelée baleine franche, est considérée comme une des espèces de grandes baleines les plus menacées au monde, avec une population se chiffrant à moins de 500 individus. On l’a nommé en anglais «the right whale », soit la bonne baleine à chasser puisqu’elle nageait près des côtes, elle se déplaçait lentement et était donc facile à attraper, et parce qu’elle flottait une fois tuée. Décimée par la chasse, elle est protégée internationalement depuis 1935. Toutefois, la baleine noire de l’Atlantique Nord est toujours menacée par l’activité humaine et ce sont les mêmes caractéristiques qui faisaient d’elle une bonne baleine à chasser qui la menace dans notre monde moderne : parce qu’elle fréquente les zones côtières et qu’elle se déplace lentement, cette espèce est susceptible d’être victime des collisions avec les navires et des prises accidentelles dans les engins de pêches.

Les aires de reproduction, d’alimentation et de mise bas des baleines noires se retrouvent généralement dans des zones côtières où le trafic maritime est intense, comme c’est le cas entre autres dans la baie de Fundy et le bassin Roseway (au sud de la Nouvelle-Écosse) en eaux canadiennes, et dans la baie de Cape Cod, le Great South Channel (à l’est de Cape Cod), le golfe du Maine ainsi qu’au large de la Georgie et de la Floride (la seule aire de mise bas connue) en eaux américaines. Comme les bateaux sont de plus en plus gros et rapides et que les baleines noires sont de gros cétacés lents qui s’alimentent, socialisent et se reposent en surface, les baleines noires sont susceptibles de se faire heurter dans les zones partagées entre les bateaux et les baleines. Il a aussi été observé que même si elles entendent les navires qui approchent, les baleines noires semblent ignorer leur présence, quoiqu’elles ont déjà été vues, à certaines occasions, s’éloignant des navires à la dernière minute. On croit qu’elles finissent par s’habituer au bruit et n’y prêtent plus attention, se concentrant plutôt sur l’alimentation ou sur d’autres activités en groupe. De plus, les mères accompagnées d’un baleineau ont souvent tendance à passer plus de temps en surface, ce qui augmente encore le risque de collision avec les navires. Dans la dernière décennie, près de la moitié des mortalités de baleines noires rapportées sont attribuables à des collisions avec des navires.

Les baleines en questions - 17/6/2014

Équipe du GREMM

Dirigée par Robert Michaud, directeur scientifique, l’équipe de recherche du Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM) étudie en mer les bélugas du Saint-Laurent et les grands rorquals (rorqual à bosse, rorqual bleu et rorqual commun). Le Bleuvet et le BpJAM quittent chaque matin le port de Tadoussac pour récolter de précieuses informations sur la vie des baleines de l’estuaire du Saint-Laurent.

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