Cet article fait partie d’une série de portraits de gens impliqués de près ou de loin avec les baleines en Côte-Nord. Dans le cadre du projet de documentation de la Route des baleines du GREMM, partez à la rencontre de ces personnages colorés, qui définissent le visage de la région. Découvrez leurs récits qui vous ferons vivre ou revivre les histoires merveilleuses du fleuve Saint-Laurent et de ses géantes créatures marines! 

Originaire d’Allemagne, Christian Ramp a commencé sa carrière avec les baleines comme stagiaire à la Station de recherche des iles Mingan (MICS), puis y a fait sa maitrise et son doctorat. Il dirige et coordonne maintenant plusieurs projets de recherche reconnus partout sur la planète, avec de multiples partenaires et universités.

Son travail fait de lui un chef de file dans la petite communauté mondiale de la recherche sur les baleines. «Ici, c’est pratique, on peut faire des sorties journalières pour étudier les baleines et rentrer à terre le soir pour sauvegarder les données et se reposer», explique Christian Ramp. «L’océan est grand, et donc suivre, observer et surveiller les baleines au grand large n’est pas facile. La tâche devient rapidement complexe, voire impossible avec la technologie actuelle. On est donc vraiment chanceux de pouvoir faire de la recherche ici.»

«Où dans le monde pouvez-vous observer le rorqual bleu de la fenêtre de votre maison ou de votre chalet? Vous pouvez littéralement observer et étudier les baleines bleues depuis la terre ici! Nulle part ailleurs vous ne trouverez ce genre d’environnement!» – Christian Ramp

Déjà en 1700, les baleiniers basques venaient ici pour chasser les rorquals. «Un endroit exceptionnel dans le monde depuis toujours», dit-il en riant!

Le courant du Labrador frappe la rive nord, phénomène plus connu sous le nom de remontée d’eau froide, où l’eau riche remonte à la surface, créant les conditions idéales pour soutenir les populations de rorquals. La prolifération d’algues, la venue du zooplancton qui s’en nourrit, puis de poissons, de plus grands prédateurs, d’oiseaux, de phoques et ensuite de baleines, donnent ensemble les conditions gagnantes pour jouir de l’observation des géants des mers en Côte-Nord. L’eau diffuse la couleur verte, pigmentation des algues végétales, le phytoplancton, qui constitue la base alimentaire d’une pyramide de vie extraordinairement dense, selon le chercheur.

 

«Ce n’est pas le grand bleu, le Saint-Laurent. C’est le grand vert!», Jacques Gélineau, collaborateur pour le MICS.

Quel est le meilleur moment pour observer les baleines en Minganie? Christian répond d’office que toutes les saisons sont bonnes, même l’hiver où des souffles peuvent parfois être observés entre les glaces, de même que des phoques. À la fin du printemps, en juin, quand le capelan abonde, beaucoup de petits rorquals arrivent et se nourrissent en surface, provoquant des spectacles assez impressionnants pour les observateurs.

Il a même déjà vu des petits rorquals s’échouer volontairement pour manger! En juillet et en aout, on commence à apercevoir les plus gros animaux tels que les rorquals bleus ou les rorquals à bosses, précise le chercheur. L’automne est aussi un moment exceptionnel pour observer des comportements plus spectaculaires, vu les ventres bien remplis des baleines! Avec les changements climatiques et les saisons de plus en plus longues, les observations peuvent maintenant être signalées aussi tard qu’en novembre et aussi tôt qu’en mars. La glace est plus mince et les animaux peuvent venir se nourrir plus tôt et plus tard dans le Saint-Laurent, nous décrit l’expert.

Lorsque Christian raconte sa meilleure observation de baleine, on s’attend à une histoire extraordinaire de baleine bleue! Il décrit plutôt son arrivée comme stagiaire en 1997. Lors de sa première promenade sur la plage de Longue-Pointe-de-Mingan, un petit rorqual saute près de la rive. Il pense d’abord qu’il a eu de la chance. Il s’est cependant vite rendu compte que l’observation était plutôt commune pour la région, et se répète pratiquement tous les jours. S’il a vu de nombreux autres sauts ensuite, cette observation demeure sa première au Québec, et sa plus marquante!

 

Il venait d’arriver à Longue-Pointe pour les cétacés,
et il fut accueilli par ce qui lui permet aujourd’hui
de vivre de sa passion,
et d’étudier les géantes créatures!

Observations de la semaine - 31/10/2019

Anne-Marie Asselin

Anne-Marie Asselin a rejoint l’équipe de Baleines en direct comme rédactrice à l’été 2019. Avec une maitrise en environnement, gestion des océans et zones côtières, et un baccalauréat en écologie marine, c’est un honneur pour elle de pouvoir apprendre et partager les récits des mammifères marins et de l’écosystème du Saint-Laurent. Aussi fondatrice et rédactrice en chef de l’Organisation Bleue, elle croit que la communication environnementale et la vulgarisation scientifique sont essentielles à la protection de nos océans et de notre fleuve.

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