La pollution peut s’accumuler dans le corps des baleines et leur causer d’importants problèmes de santé. «Peut-on vider une baleine de cette pollution?», demandent les élèves de l’école d’éducation internationale Filteau à Sainte-Foy, après avoir reçu l’activité scolaire de La baleine nomade. Il s’agit d’une belle idée, mais cela est techniquement impossible à cause de la manière dont les contaminants sont métabolisés après leur ingestion, donc de la façon dont les contaminants sont présents dans la baleine.
Comment la pollution se retrouve-t-elle dans les baleines?
De manière générale, les polluants se retrouvent dans l’écosystème marin suite à l’écoulement des eaux en provenance des milieux industriels et agricoles. Les polluants atmosphériques peuvent également y entrer en s’y déposant par la pluie, la neige ou le brouillard. Ces contaminants seront alors ingérés par de nombreux minuscules animaux, tels que le krill. Ensuite, ceux-ci seront ingérés en énorme quantité par les baleines à fanons. Par exemple, le rorqual bleu peut manger jusqu’à 8000 livres de krill par jour!
Quant aux baleines à dents, elles comptent parmi les animaux les plus contaminés de la planète. En effet, puisque les polluants deviennent de plus en plus concentrés lorsqu’on monte dans la chaine alimentaire, ces grands prédateurs accumulent une quantité considérable de contaminants au fil de leur vie. On nomme ce phénomène bioamplification.
L’accumulation des polluants
Les contaminants ingérés par les baleines se déposent dans leurs graisses et y restent emprisonnés: c’est pour cette raison qu’on ne peut pas les enlever. Ils y demeureront jusqu’à ce que l’animal brule les graisses afin de libérer de l’énergie, ce qui relâchera également les polluants dans l’organisme. Une fois libres, ceux-ci se dispersent dans les différents tissus de l’animal, où il n’est pas non plus possible d’aller les chercher.
Les contaminants ont des effets dévastateurs pour l’individu. Par exemple, un type de polluant commun comme les PBDE (retardateurs de flammes) peut entrainer entre autres une perturbation des hormones chez les cétacés, ce qui peut nuire à leur reproduction. Dans les endroits particulièrement pollués, la concentration en polluants ne cessera jamais d’augmenter chez les mâles, puisqu’ils sont ingérés plus rapidement qu’ils sont excrétés. Chez les femelles, le niveau de pollution peut diminuer, mais seulement car elles transmettent les contaminants à leurs rejetons par le lait maternel.
Prévenir plutôt que guérir
La seule manière de véritablement «vider» les baleines de la pollution est d’éviter qu’elles ne se retrouvent contaminées. Pour ce faire, il faut agir à la source en diminuant la quantité de pollution dans les océans dans le but de protéger les baleines qui ne sont pas encore nées. Il s’agit d’une stratégie qui a prouvé son efficacité: les épaulards nés après les années 80, suite à l’interdiction de certains PBDE, n’en accumulent plus une concentration croissante avec l’âge.
Protéger les futures baleines
Les baleines sont souvent décrites comme des indicateurs du niveau de santé global des océans. La concentration élevée en polluants retrouvée dans leur corps ainsi que dans leurs sources de nourriture indique la nécessité d’agir immédiatement dans le but d’assurer la survie à long terme de ces espèces. Des solutions existent à notre portée, comme choisir des produits écoresponsables ou s’assurer de bien mettre nos déchets au bon endroit.