Terre-Neuve-et-Labrador et Ottawa ont déjà conclu une entente. Québec veut à son tour une entente pour exploiter les hydrocarbures du gisement du golfe du Saint-Laurent, Old Harry se situant pour deux tiers sur son territoire. Au Québec, le moratoire est en toujours en vigueur et l’évaluation environnementale stratégique en cours. Une coalition réclame une gestion intégrée du golfe.
Les négociations vont bon train entre le ministre fédéral des Ressources naturelles, Christian Paradis, et son homologue provincial, Nathalie Normandeau. Ils souhaitent arriver à une entente administrative le plus rapidement possible étant donné que Terre-Neuve-et-Labrador dispose déjà d’une telle entente avec Ottawa et que Québec poursuit cet accord depuis 12 ans.
Un gisement à cheval sur deux provinces
La situation est complexe. Old Harry se situe à 80 km à l’est des îles de la Madeleine et à une centaine de kilomètres de Terre-Neuve-et-Labrador sur la frontière maritime entre les deux provinces. À la mi-décembre, la ministre Normandeau a accepté de laisser en suspens la question litigieuse de la propriété des fonds marins pour qu’Ottawa reconnaisse le tracé marin de 1964 dans le golfe du Saint-Laurent (ce qui situerait 70 % du gisement Old Harry du côté québécois), que les permis d’exploration déjà octroyés par le Québec soient réputés valides et que 100 % des redevances échoient au Québec. Elle a indiqué que des redevances de 8,7 milliards sont estimées pour l’exploitation du pétrole du gisement et 1,5 milliard de dollars pour le gaz.
L’Office Canada-Terre-Neuve-et-Labrador sur les hydrocarbures a autorisé à l’automne 2010 l’entreprise Corridor Ressources à effectuer des levés sismiques après avoir obtenu le feu vert des ministères d’Environnement Canada et de Pêches et Océans Canada. Le premier forage de puits d’exploitation devrait être effectué d’ici 2012.
Au Québec, un moratoire dans le golfe et une interdiction dans l’estuaire
Du côté du Québec, un moratoire sur de telles activités est instauré depuis 1998 sur son territoire situé dans le golfe du Saint-Laurent et une évaluation environnementale stratégique (EES) doit être menée jusqu’à l’automne 2012. Le Québec attend donc ce moment pour décider ou non d’exploiter les hydrocarbures du golfe.
Rappelons qu’en septembre 2010, le gouvernement québécois a décrété l’interdiction d’explorer et d’exploiter les hydrocarbures dans l’estuaire du Saint-Laurent jusqu’à l’ouest du golfe. Cette décision est intervenue d’après les résultats de l’EES conduite dans l’estuaire considérant que ce milieu — une mer fermée — et son écosystème sont complexes et fragiles. Les activités pétrolières sont jugées nuisibles pour les espèces marines et leur habitat, et risquées pour la pêche commerciale, les activités touristiques et socioculturelles. En décembre, l’interdiction s’est prolongée dans la partie fluviale du Saint-Laurent.
Pour un moratoire interprovincial
La Coalition Saint-Laurent, créée en novembre 2010, réclame un moratoire interprovincial sur l’ensemble du golfe du Saint-Laurent. Particulièrement inquiète de la gestion morcelée du golfe, elle demande d’instaurer une gestion intégrée qui prend en compte les risques pour l’environnement et les impacts sur les cinq provinces concernées: Terre-Neuve-et-Labrador, l’Ile-du-Prince-Edouard, le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Ecosse et le Québec.
Pour elle, il s’agit de consulter les populations pour choisir de forer ou non dans le golfe. A ce jour, la Coalition a rallié à sa cause 823 adhérents. Elle regroupe quatre groupes environnementaux: Attention FragIles, la Fondation David Suzuki, Nature Québec et la Société pour la nature et les parcs (SNAP).[Cyberpresse, Rue Frontenac, Coalition Saint-Laurent, CKTB]
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