Brad
Béluga
Adopté par Gail Wylie
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Numéro d’identification
DL0218
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Sexe
Mâle
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Naissance
Avant 1972
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Connu depuis
1988
Ses traits distinctifs
On reconnait Brad à la cicatrice profonde qui se trouve dans la partie antérieure de sa crête dorsale. Plusieurs bélugas ont des cicatrices de ce type. Ce sont donc les crénelures autour de sa cicatrice qui nous permettent de le reconnaître.
Son histoire
Nous avons rencontré Brad pour la première fois en 1988. Il était déjà blanc à l’époque. Le changement de couleur chez les bélugas, soit le passage du gris au blanc, survient entre l’âge de 12 à 16 ans. Brad serait donc né avant 1972.
Le sexe de Brad est confirmé par l’analyse génétique d’une biopsie prélevée sur son dos en 1997. Il s’agit d’un mâle.
Comme les autres mâles adultes de la population en été, Brad passe le plus clair de son temps dans des troupeaux composés essentiellement de mâles. Il appartient à l’un des deux réseaux de mâles qui sillonnent le fjord du Saguenay. Un autre réseau de mâles, les «Downstream boys» utilise aussi le secteur de la tête du chenal Laurentien et la portion aval de l’estuaire, mais évite le Saguenay. Même si leurs territoires se chevauchent, les individus d’un réseau côtoient très peu les mâles des autres réseaux.
Avec les années, les mâles ont tendance à former des bandes de compagnons stables. Ces associations s’établissent progressivement et jouent probablement un rôle dans la vie reproductive des bélugas. Les compagnons les plus réguliers de Brad sont DL0266 et DL743, des mâles appartenant aussi à un réseau du Saguenay.
La suite de l’histoire de Brad nous apprendra beaucoup sur l’évolution de la vie sociale des bélugas. C’est en comprenant comment vivent les bélugas que nous serons en mesure de mieux les protéger.
Historique des observations dans l’estuaire
Années pendant lesquelles l’animal n’a pas été observé Années pendant lesquelles l’animal a été observé
Dernières nouvelles
Nous quittons Tadoussac à bord du Bleuvet, le bateau de recherche du GREMM, et nous dirigeons vers l’est. Au large des Escoumins, nous croisons la route d’un troupeau de 80 bélugas, composé surtout d’adultes. Le troupeau est séparé en cinq groupes d’une quinzaine d’individus qui nagent tranquillement dans la même direction. Dans un groupe, nous reconnaissons Brad, qui chemine en compagnie d’AlbioriX, un autre mâle.
Le rythme calme des bélugas nous apparait particulièrement propice pour la prise de biopsies. Ce petit morceau de gras prélevé sur un animal nous permet de connaître le sexe de l’individu, d’étudier les contaminants emmagasinés ou encore d’obtenir des informations génétiques. Et effectivement, les bélugas sont très collaboratifs, car nous parvenons à prélever 14 biopsies!
Nous profitons des belles conditions météo pour aller visiter le secteur aval où l’on rencontre régulièrement des troupeaux de mâles. Nous croisons la route de Brad au large de l’île aux Basques. Il se trouve dans un troupeau d’une soixantaine de bélugas, en majorité des adultes mâles et quelques individus gris. Le troupeau est divisé en une dizaine de groupes d’environ six à quinze bélugas. Nous y reconnaissons également les mâles JP, DL0269 et DL0370.
Les animaux sont dispersés et très actifs. Certains bélugas sortent la tête en surface, comme pour nous espionner, d’autres crachent de l’eau. Ils nagent de façon dynamique et directionnelle et tout à coup s’arrêtent, plongent et remontent plusieurs fois au même endroit. Ils s’alimentent probablement. La rencontre avec Brad est également très riche sur le plan sonore. Nous entendons toutes sortes de vocalises, des grincements de porte, des sifflements et bien d’autres. Le béluga porte bien son surnom de canari des mers!
Nous sommes à l’embouchure du Saguenay. Brad nage en compagnie de Miss Frontenac et de Trèfle. Ils se trouvent dans un gros troupeau d’une soixantaine d’individus incluant des mâles, des femelles et un nombre élevé de jeunes. Il y a beaucoup d’activité de surface : on aperçoit des nageoires pectorales, des nageoires caudales et des melons, et les bélugas sont très bruyants. On observe aussi un petit rorqual qui fait plusieurs sauts.
Nous sommes au large des Bergeronnes. Brad se trouve dans un troupeau d’environ 150 bélugas. La plupart sont des adultes blancs, répartis en groupes de 4 à 8 individus.
Ces grands rassemblements sont de nature éphémère. Ils regroupent essentiellement des mâles. Ils sont souvent observés dans le secteur aval de la distribution d’été des bélugas, soit entre Tadoussac et Les Escoumins. Après quelques heures, ces vastes troupeaux se séparent en de plus petits groupes.
Le parrain
Gail Wylie a adopté Brad, en mémoire de Brad Wylie (2018).
Ce don pour l’adoption et la recherche sur les baleines est en mémoire de mon père, Brad Wylie, qui est décédé en 2017 à Qualicum Beach, en Colombie-Britannique, à l’âge de 90 ans. Il aurait aimé cette direction d’une partie de mon héritage (ses économies minutieuses) pour cette cause. Bien qu’il ait été un homme d’affaires, il avait de vifs penchants intellectuels et philanthropiques pour la justice sociale, l’environnement et l’évolution de la Terre. Originaire de Toronto, il s’intéressait au monde entier, sous toutes ses formes.