Ti-Croche
Rorqual commun
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Numéro d’identification
Bp955
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Sexe
Inconnu
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Naissance
Hiver 2008-2009
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Connu depuis
2009
Ses traits distinctifs
Sa nageoire dorsale est fortement arquée vers l’arrière et s’apparente à la forme d’un crochet. Toutefois, c’est la ressemblance de la nageoire dorsale de Bp955 avec celle de la défunte Capitaine Crochet qui lui a valu le surnom de « Ti-Croche ».
Son histoire
La forme de sa nageoire dorsale rappelle la grande disparue de 2013, Capitaine Crochet (Bp050). Grâce à un suivi par photo-identification, il a été possible d’établir en mai 2018 qu’effectivement, Capitaine Crochet est la mère de Ti-Croche. Une photo particulièrement claire prise le 27 mai 2018 par un collaborateur du GREMM a permis de comparer le chevron du veau accompagnant Capitaine Crochet sur une photo de 2009. Fait intéressant, Capitaine Crochet faisait partie des rorquals communs vus tôt dans la saison. Ti-Croche semble poursuivre cette tradition.
En 2016, Bp955, alias Ti-Croche, n’avait pas encore atteint sa taille adulte.
Le 5 octobre 2020, Véronique Lesage, chercheuse scientifique de l’Institut Maurice-Lamontagne de Pêches et Océans Canada, et son équipe ont équipé d’une balise cet individu bien connu dans le parc marin du Saguenay-Saint-Laurent. Et jusqu’au 13 janvier, la chercheuse a pu suivre l’étonnant voyage de Ti-Croche, un périple qui l’a mené de l’estuaire au large des Bahamas en passant par les Bermudes, avant de remonter vers la Nouvelle-Écosse. «C’est la première fois qu’on suit un rorqual commun aussi longtemps à l’automne-hiver», se réjouit-elle. Tout le détail du voyage migratoire de Ti-Croche est disponible dans cet article.
Historique des observations dans l’estuaire
Années pendant lesquelles l’animal n’a pas été observé Années pendant lesquelles l’animal a été observé
Dernières nouvelles issues des publications Portrait de baleines
De retour dans l’estuaire du Saint-Laurent en début du mois de juin, Ti-Croche revenait de tout un périple! Le rorqual commun vedette est effectivement allé passer une partie de l’hiver près du Delaware, sur la côte est des États-Unis. Comment le savons-nous? Une équipe de Pêches et Océans Canada (MPO) a posé en octobre dernier un émetteur satellite au bas de la nageoire dorsale de Ti-Croche dans le cadre d’un projet de recherche. Émettant des signaux presque chaque jour, ces balises permettent de percer les mystères des aires d’hivernage et de la migration des rorquals communs. en 2020, Ti-Croche avait aussi été muni d’une balise par le MPO : il avait alors nagé jusqu’au large des Bahamas et des Bermudes. Serait-il allé se reproduire?
On ne connait pas encore le sexe de Ti-Croche, mais les scientifiques ont pu confirmer en 2018, grâce à la photo-identification, qu’il était le descendant de la célèbre femelle rorqual commun Capitaine Crochet! En comparant le patron de coloration sur le dos d’une jeune baleine qui accompagnait Capitaine Crochet en 2009 avec des photos récentes de Ti-Croche, les scientifiques ont pu conclure qu’il s’agissait bel et bien du même individu. La science n’a pas fini de nous émerveiller!
Vous demandez-vous parfois où vont les rorquals communs lorsqu’ils quittent l’estuaire du Saint-Laurent ? L’année dernière, Ti-Croche, descendant de la fameuse Capitaine Crochet, a contribué à améliorer les maigres connaissances des scientifiques sur la migration et les aires d’hivernage de cette espèce. Depuis 2014, une équipe de l’Institut Maurice- Lamontagne menée par Véronique Lesage s’attelle à cette question en posant des balises de type Argos sur certains individus. À l’automne 2020, ils sont neuf, dont Ti-Croche, à être ainsi équipés. En embarquant dans les valises de cette baleine fidèle de l’estuaire, les chercheurs constatent avec surprise l’immensité et la diversité du « terrain de jeu » des rorquals communs. Après s’être alimenté dans l’estuaire du Saint-Laurent, le jeune rorqual parcourt plus de 2000 km jusqu’au large des Bahamas. Mature sexuellement (mais au sexe indéterminé), Ti-Croche est peut-être descendu dans des latitudes plus basses pour se reproduire. Le rorqual commun fait ensuite un détour par les Bermudes, puis remonte vers la pointe de la Nouvelle-Écosse avant que sa balise ne cesse de fonctionner le 12 janvier 2021. Cet immense voyage de 3500 km a été réalisé en seulement trois mois. C’est jusqu’ici le plus long suivi de rorqual commun à l’automne-hiver ! On ne sait pas quelles eaux Ti-Croche a ensuite sillonnées avant de pointer ses chevrons dans l’estuaire dès fin juin.
Surnommé « Ti-Croche », Bp955 se reconnait rapidement grâce à sa nageoire dorsale fortement arquée qui rappelle la forme d’un crochet. Au début du mois de mai de cette année, il est observé pour la première fois dans le parc marin. Des photos prises en 2009 par des collaborateurs, Catherine Dubé et Renaud Pintiaux, ont été comparées à des photos récentes et ont permis de confirmer l’identité de ce visiteur grâce à la forme de son chevron. Les rumeurs passées étaient bel et bien fondées : il s’agit en effet du baleineau qui accompagnait la bien connue Capitaine Crochet en 2009. Cette année-là, Ti-Croche a été identifié pour la première fois et observé plusieurs fois aux côtés de Capitaine Crochet au cours de l’été, ce qui nous avait permis de supposer qu’il s’agissait de son baleineau. Il serait maintenant âgé de presque 10 ans. Tout comme le faisait Capitaine Crochet, avant d’être vue une dernière fois 2013 empêtrée dans les cordages d’une cage à crabe, Ti-Croche fait ses apparitions dans l’estuaire tôt en saison, à la fin du printemps. Deviendra-t-il, lui aussi, un ambassadeur du parc marin?
Chez le rorqual commun, l’association mère-baleineau persiste rarement après le sevrage, qui a lieu vers l’âge de 6 à 7 mois. Dans l’estuaire du Saint-Laurent, il arrive que les chercheurs du GREMM observent un même baleineau en compagnie d’individus adultes différents dans une même saison. La raison de ces « fréquentations » variées demeure inconnue. C’est pour cette raison qu’avant d’émettre l’hypothèse d’un lien familial entre deux individus, il faut avoir observé le baleineau au flanc d’un même individu présumé femelle plusieurs fois au fil d’une même saison. C’était le cas de Ti-Croche, lors de sa première visite en 2009. Dans une situation de manque d’observation, une biopsie et des analyses génétiques permettent de confirmer hors de tout doute l’affiliation génétique entre un baleineau et un adulte, mais cet aspect n’est pas étudié sur les rorquals communs de l’estuaire du Saint-Laurent.
Dans le monde, le rorqual commun est plus souvent observé en solitaire ou en petit groupe de 2 ou 3 individus. Or, dans l’estuaire, certains se souviendront très bien des grands groupes composés d’une dizaine d’individus, un phénomène peu documenté ailleurs dans le monde. Qu’est-ce qui fait se réunir les rorquals communs dans l’estuaire ? Pour l’instant, le phénomène reste inexpliqué.
L’été dernier, un rorqual commun inconnu faisait une entrée remarquée dans l’estuaire. La dorsale qu’il arborait, s’apparentant à un crochet, avait entrainé une vague d’espoir générale chez les capitaines et naturalistes de la région : cet attribut physique particulier rappelait la grande disparue de 2013, Capitaine Crochet (Bp050). Rapidement, on se mit à désigner le nouveau visiteur sous le nom de « Ti-Croche », d’autant plus que ce nouveau venu n’avait pas encore tout à fait atteint sa taille adulte. Mais Bp955 (son numéro d’identification) est-il vraiment la progéniture de la regrettée Capitaine Crochet ?
Le trépas présumé du célèbre rorqual commun Capitaine Crochet avait causé beaucoup d’émoi au sein de l’industrie de l’observation des baleines du parc marin ainsi que chez les chercheurs et le grand public. On se rappelle que cette femelle avait été aperçue coiffée d’une cage de pêche au crabe, amaigrie, et les tentatives pour la secourir n’avaient pas donné les résultats escomptés; Capitaine Crochet a quitté le parc marin et n’est plus jamais revenue.
C’est sa nageoire dorsale, fortement arquée vers l’arrière, qui lui avait valu son nom. Mais si la ressemblance entre la dorsale de Capitaine Crochet et celle de Bp955 encourage les conclusions hâtives, il vaudrait mieux faire preuve de prudence : la forme d’une nageoire n’est pas un critère d’identification suffisant pour avancer l’existence de relations familiales. Par exemple, la dorsale de Bp955 ressemble à celle d’un autre individu identifié dans le catalogue du GREMM, soit Bp910.
En effet, une seule technique permet d’obtenir des données génétiques fiables pour identifier la parenté : les biopsies. Un échantillon de quelques milligrammes de peau et de graisse est prélevé à l’aide d’une fléchette, puis analysé en laboratoire, où l’ADN est extrait. En l’absence de biopsie, nous ne pouvons donc pas confirmer (ou infirmer !) que Bp955 est le veau du Capitaine Crochet !