Depuis le début du mois d’avril, Urgences Mammifères Marins a traité trois cas de carcasses de phoques, soit deux à Sept-Îles et une à Sainte-Anne-des-Monts. Il n’existe pas de programme de récupération systématique pour les carcasses de phoques mais chaque incident est documenté. Dans tous les cas, un bénévole est dépêché sur le site de l’échouage pour prendre des photos, des mesures et pour mettre une étiquette numérotée autour de la patte du phoque. Ainsi, s’il est emmené par la marée et qu’il s’échoue à un autre endroit, il est possible de relier les signalements et « suivre » la carcasse.
Un crâne pour identifier l’espèce
Les photos prises par les bénévoles aident l’équipe du Réseau québécois d’urgences pour les mammifères à acquérir des informations sur l’espèce de phoque et aussi sur le stade d’âge de l’animal; néonatal, juvénile ou adulte. En effet, le pelage change chez certaines espèces de phoque selon le nombre de jours et de mois qu’ils ont. La longueur est une donnée qui vient aussi confirmer cette information, à condition évidemment que le phoque soit complet. Dans le cas de la carcasse à Sept-Îles, la tête était manquante. Les données sont ainsi fragmentaires. La carcasse de Sainte-Anne-des-Monts était quant à elle, dans un état de décomposition avancée. Le pelage était méconnaissable, mais heureusement, le crâne était présent et bien exposé.
Le crâne est une partie essentielle du corps pour confirmer l’espèce: phoque du Groenland, phoque commun, phoque gris ou phoque à capuchon? Les dents de la mandibule inférieure le confirment; par exemple, le phoque commun a des molaires à quatre cuspides, c’est-à-dire que les dents situées à l’arrière de la mâchoire, dans la joue, ont chacune quatre pointes acérées. Le phoque gris n’a qu’une cuspide principale sur ses molaires et ses canines sont massives. Le phoque du Groenland a des dents « tricuspides » et le phoque à capuchon a des dents de forme plutôt arrondie, rapprochées et bien campées dans l’os de la mâchoire.
Un phoque vivant qui montre les dents: quel message envoie-t-il?
Le 25 avril dernier, un jeune phoque du Groenland vivant est venu s’échouer quelques minutes sur la plage de Clarke City, dans la région de Sept-Îles. Sa présence a suscité la curiosité de quelques marcheurs qui se sont approchés de l’animal. Selon les dires d’un des témoins, l’animal était peu farouche, mais a ouvert la gueule en montrant les dents. Que faut-il comprendre de ce comportement? Il faut savoir que les phoques du Groenland sont reconnus pour ne pas être facilement effrayés par la présence des humains. Ils ne se retireront pas nécessairement à la mer si on les approche. Ils lèveront plutôt la tête et suivront attentivement des yeux vos déplacements. Il faut garder en tête que ce sont des animaux sauvages et les spécialistes mettent en garde: même s’ils sont petits, qu’ils ont l’air inoffensifs et sont attendrissants, ces phoques peuvent être agressifs. Ainsi, si vous les entendez grogner, faire des vocalises ou s’ils montrent les dents à votre approche, ce sont des signes que votre présence les dérange. Il est donc important de s’éloigner et de garder une distance minimale de 50 mètres pour votre sécurité et pour le bien-être de l’animal. Un phoque qui est continuellement approché n’a pas la possibilité de se reposer et des interactions répétées avec l’humain augmentent leur stress et les rendent ainsi plus vulnérables.