Presque cinq jours sur l’eau et quelque 250 milles nautiques parcourus dans le secteur Gaspé-Percé du 30 juin au 5 juillet.
Les quelques grands rorquals présents n’étaient pas au large, ils se tenaient plutôt dans, et à proximité, de la baie de Gaspé. Ils n’étaient pas nombreux. Sur les cinq jours, j’ai documenté la présence de trois rorquals communs, deux rorquals à bosse et une demi-douzaine de petits rorquals. L’absence de grand rorqual bleu est toujours notable et désolante à mon point de vue.
Il est encore plus triste de retrouver l’un de ces géants, un rorqual commun, mort et flottant à la dérive au large de Cap-d’Espoir. Suite à un appel du Réseau québécois d’urgences pour les mammifères marins, avec les coordonnées GPS fournies, je me suis rendu près de la carcasse pour documenter le cas. Il m’est apparu évident au constat des marques de câblage sur l’animal qu’il avait fort probablement été victime d’un empêtrement dans des agrès de pêche. Les scientifiques devront s’y pencher puisqu’on observe un fort pourcentage de baleines avec des marques de câblage, particulièrement sur le pédoncule et la queue, sans parler d’un nombre grandissant de carcasses retrouvées.
Pour la huitième année consécutive, j’ai observé la femelle H626, BBR (Gaspar), près de l’île Plate, au même endroit où je l’avais observée pour la première fois en 2008. Toujours aussi active, elle me l’a prouvé avec un magistral coup de queue dans les airs. L’an passé, je l’avais vu «breaché», soit sauter hors de l’eau, tout près du cap Gaspé.
Des trois rorquals communs qui s’alimentaient dans la baie de Gaspé, l’un d’eux y était présent lors de ma dernière sortie dans ce secteur le 25 mai dernier. Il s’agit d’un animal assez facile à identifier grâce à sa longue cicatrice, laissée par une blessure de cordage, partant de l’avant de la nageoire dorsale et longeant toute la partie supérieure du pédoncule sur le côté droit, et de la nageoire dorsale vers l’avant sur le côté gauche. Il possède le numéro F428 dans le catalogue du MICS. Sur l’une des photos que j’ai prises, on voit les marques de desquamation, des marques qui ne sont pas utiles pour l’identification de l’animal, car elles sont temporaires.
Le 5 juillet au matin, les prévisions météo n’étaient pas très encourageantes et le nombre d’animaux étant limité, j’ai décidé de mettre fin à ma mission et de sortir mon bateau de l’eau pour retourner chez moi. Tout juste avant de le faire, j’ai reçu un appel d’un capitaine de bateau de croisière local qui m’informait d’un souffle de rorqual à bosse dans la baie. J’ai donc décidé de décaler la sortie de mon bateau pour aller documenter cet animal. Il s’agissait d‘un rorqual à bosse de petite taille, qui, à première vue, pouvait être confondu avec Aramis compte tenu du dessous de sa queue très noire, mais que le spécialiste Christian Ramp du MICS n’a pas pu apparier pour l’instant. Selon sa taille, cet animal serait probablement assez jeune. Un bon coup de pouce de ce capitaine et un coup de chance que je n’étais pas parti, car il est toujours très intéressant d’alimenter la banque de données du MICS avec de nouveaux individus.
Aussitôt revenu chez moi, le même capitaine m’informait que trois autres rorquals à bosse faisaient leur apparition dans la baie. Trois animaux connus et réguliers du secteur. C’est toujours comme ça, les baleines donnent l’impression d’attendre mon départ pour apparaître.
René Roy est un cétologue amateur, passionné de la mer et des baleines, résidant à Pointe-au-Père, dans le Bas-Saint-Laurent. Depuis plusieurs années, il entreprend des expéditions de photo-identification pour le compte de la Station de recherche des îles Mingan (MICS), principalement en Gaspésie. Il est également bénévole pour le Réseau québécois d’urgences pour les mammifères marins.