L’explosion de la plateforme pétrolière Deep Horizon de BP a déversé 650 millions de litres de pétrole brut en trois mois dans le golfe du Mexique. Le bilan des animaux victimes de la catastrophe, dressé par le gouvernement états-unien, s’élève à 3 606 oiseaux, 508 tortues de mer et 67 mammifères marins. Mais, les scientifiques pensent que de nombreux animaux ont péri et que leurs carcasses n’ont pas été trouvées.

Selon l’Agence nationale océanique et atmosphérique (NOAA), il resterait aujourd’hui 26 % de pétrole dans la nature, ce qui représente 207 millions de litres, soit cinq fois plus que lors de la catastrophe de l’Exxon Valdez en Alaska. Qualifié de résiduel, ce brut « se trouve soit à la surface, soit juste en dessous sous forme de boulettes, soit sur le rivage où il s’est retrouvé enterré dans le sable et les sédiments », précise le rapport publié alors que BP semble en passe de sceller définitivement le puits. Le reste aurait été capté, traité ou se serait évaporé. Sceptique, la communauté scientifique pointe les faiblesses d’un rapport qu’elle estime prématuré.

Les dispersants chimiques, utilisés par BP, sont pointés du doigt pour leur toxicité. Le pétrole fragmenté en gouttelettes se répand dans la colonne d’eau et contamine l’écosystème. Avec le caractère invisible de ce phénomène, les impacts à long terme sur les organismes, notamment le zooplancton dont les baleines se nourrissent, sont difficiles à évaluer.

Un suivi acoustique pour les baleines du golfe

Christopher Clark, qui dirige le programme de recherche bioacoustique (BRP) du Laboratoire ornithologique de Cornell, a déployé avec son équipe un système de 22 hydrophones destiné à enregistrer les vocalises des baleines qui fréquentent les eaux du golfe. Les cachalots et les baleines de Bryde sont identifiés par la NOAA comme étant fragilisés par la marée noire, les rorquals à bosse et les baleines franches sont des visiteurs occasionnels. Si un tel suivi ne donne pas de réponses exactes sur l’impact du pétrole sur ces baleines, il fournira des indicateurs sur la fréquentation du golfe par ces espèces, commente le chercheur.

La résilience du golfe encore une fois mise à l’épreuve

Classé 5e parmi les aires marines les plus riches au monde pour leur biodiversité, le golfe du Mexique est qualifié de résilient par des experts qui pensent que les espèces marines ont de bonnes chances de s’en remettre. Selon Larry McKinney, directeur du Gulf research center au Texas A&M University Corpus Christi, une telle résilience n’existe pas ailleurs, le golfe ayant subi de nombreuses attaques contre lesquels il s’est immunisé: pollution, zones mortes, pertes d’habitats, surpêche et cyclones.

Chaque minute, les eaux boueuses du Mississippi apportent 750 millions de litres d’eaux usées urbaines et chargées d’engrais utilisés pour l’agriculture, ce qui favorise la floraison et le développement des algues consommatrices d’oxygène. En 2010, la zone morte, si pauvre en oxygène qu’aucun organisme ne peut y vivre, couvre une surface égale à celle de l’Etat du Massachusetts, mais n’est pas aussi importante que celle de 2002.

Si les organismes sont résilients, leurs habitats ne se remettent pas aussi vite qu’eux. Larry McKinney s’interroge: le golfe a été mis au tapis de nombreuses fois, quand atteindra-t-il le point de non-retour?[Associated Press, The Christian Science Monitor, BBC, France Soir]

En savior plus

Sur le site de The Christian Science Monitor (en anglais seulement) : Undersea microphones listen for whales threatened by Gulf oil spill
Sur le site de BBC (en anglais seulement) : Tracking whales to assess Gulf spill impact
Sur le site de France soir : Marée noire – Où est passé le pétrole ?

Actualité - 19/8/2010

Christine Gilliet

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