Un an après la catastrophe, le gouvernement états-unien mène une enquête confidentielle sur les mortalités inhabituelles de dauphins et de tortues, dénoncée par les scientifiques indépendants. Parmi les traces visibles, un immense panache de pétrole sous-marin a été découvert. Quant à BP, elle a reçu le feu vert pour forer à nouveau dans le golfe cet été.
Depuis le début de l’année, 153 carcasses de dauphins se sont échouées sur les côtes du golfe, dont 65 étaient des nouveaux nés ou des prématurés, et 87 tortues de mer ont été trouvées mortes depuis la mi-mars, selon les données fournies par l’agence gouvernementale National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA). En février dernier, le gouvernement états-unien a interdit aux scientifiques chargés de collecter des prélèvements sur les carcasses de dauphins de communiquer toute information aux médias, sans approbation préalable de ses services. Il justifie la nécessité de cette confidentialité en qualifiant ce dossier d’enquête criminelle fédérale, jugeant ces mortalités comme un cas inhabituel.
Avec cette enquête exclusivement gouvernementale et le fait que la NOAA n’ait pas encore publié de données à ce sujet, des scientifiques indépendants réclament des résultats et dénoncent l’absence de transparence et de coopération de la part du gouvernement. Parmi eux figurent les experts du Marine Mammal Stranding Network, un réseau d’assistance aux mammifères marins échoués, qui travaillent en collaboration avec le gouvernement depuis une vingtaine d’années.
Une nappe de pétrole au fond du golfe
D’autre part, Samantha Joye, une scientifique de l’université de Géorgie spécialisée dans l’étude des interactions entre les hydrocarbures et les espèces marines, révèle la présence d’un épais panache de pétrole couvrant le sol sous-marin sur une superficie qu’elle estime à 7 000 kilomètres carrés. Ses observations ont été effectuées à partir d’un sous-marin et d’un secteur situé à une quinzaine de kilomètres de l’emplacement de la plateforme Deepwater Horizon. Elle livre la description d’un paysage fantomatique de coraux englués de pétrole et de crabes indolents ne réagissant pas à la présence du sous-marin.
Alors que le gouvernement, le Congrès et les compagnies pétrolières tentent de tourner la page de la catastrophe, des vagues bitumineuses continuent de déferler sur les plages de Louisiane, du Mississippi, d’Alabama et de Floride. Les marécages portent les traces de la marée noire et le pétrole infiltre encore les sols. Les scientifiques missionnés sur place par le gouvernement livrent leurs expertises sur l’état du golfe du Mexique, et selon un porte-parole de la NOAA, « il n’y a aucune raison de conclure que le golfe retrouvera une situation normale avant la fin 2012 ».
Des manifestants au siège de BP et de nouveaux forages dans le golfe
Un an après l’explosion de la plateforme pétrolière, qui avait fait onze morts et déversé plus de quatre millions de barils de brut dans le golfe du Mexique, des pêcheurs, des artistes, des militants et des actionnaires ont fait le voyage des Etats-Unis à Londres pour exprimer leur colère le 14 avril devant le siège de BP qui tenait son assemblée générale annuelle.
Depuis le mois de mars, le gouvernement états-unien a recommencé à délivrer des permis de forage en eaux profondes dans le golfe. BP envisage de reprendre ses forages pendant l’été 2011, s’engageant à respecter des règles de sécurité qui vont au-delà de celles imposées par la tragédie.[Le Monde, The Guardian, News Environnement, ExtractionAction]
Pour en savoir plus:
Sur le site de Monde : BP a-t-il vraiment nettoyé la marée noire du golfe du Mexique?