Au large de la Floride, elle a été libérée du cordage d’un engin de pêche par des scientifiques ayant eu recours à un sédatif pour l’approcher. Depuis 2009, c’est le deuxième succès d’une telle intervention sur une baleine en eau libre, après une décennie de tests. Une étape importante pour la protection de cette espèce en voie de disparition.
La baleine noire ou baleine franche (Eubalanea glacialis), une jeune femelle d’une dizaine de mètres, avait été observée traînant des cordages le 25 décembre 2010. Cinq jours plus tard, elle fut débarrassée de 46 mètres de cordages grâce à l’intervention d’une équipe, mais un cordage de 15 mètres restait empêtré dans ses nageoires pectorales et dans sa bouche. Le 15 janvier 2011, le cordage entravant toujours la baleine, les scientifiques lui injectèrent un sédatif afin de l’approcher plus facilement avec un pneumatique et couper le filin caractéristique des engins de pêche utilisés pour la capture des poissons, des crabes et des homards près des côtes du nord-est des États-Unis et du Canada.
Une menace pour une espèce en péril
Après l’avoir libérée du cordage, ils lui ont administré des antibiotiques pour prévenir une infection due à ses blessures. Le suivi de l’animal est encore en cours. Dans ce type d’empêtrement, les cordages entaillent le gras et la chair de l’animal et créent des blessures ouvertes propices à des infections. L’animal entravé peut rencontrer de sérieuses difficultés à se nourrir, à se propulser et à respirer pouvant entraîner une mort lente et douloureuse.
La baleine noire de l’Atlantique Nord est une espèce en voie de disparition estimée à 400 individus. Entre 2005 et 2009, 28 individus ont été observés victimes de tels empêtrements et deux n’ont pas survécu. Selon les experts, d’autres baleines noires ont pu être prises accidentellement sans qu’elles aient été observées.
Le sédatif a été placé dans un dard de 61 centimètres projeté par un fusil à air comprimé capable de traverser la couche de gras avant d’atteindre la masse musculaire de la baleine. Les médicaments sont injectés en quelques secondes. Le dard relié à une bouée est libéré petit à petit par les mouvements de nage de la baleine et peut être récupéré à la surface. Le système a été développé en Nouvelle-Zélande par l’entreprise Paxarms.
Une fois la baleine calmée, les secouristes attachent généralement un ou plusieurs pneumatiques ainsi que des bouées aux cordages, ceci pour ralentir l’animal et restreindre ses mouvements. Avec des lames montées sur des perches, ils coupent les cordages.
Tests et protocoles
En mars 2009, l’usage de sédatif avait déjà couronné de succès le sauvetage d’une baleine noire au large de la Floride. Depuis 2000, cinq essais ont été réalisés sur des baleines échouées ou en eau libre. Pour mettre en place les protocoles sur les grands cétacés, les scientifiques ont testé des sédatifs, leur mélange et leur dosage selon la masse corporelle estimée de l’individu. S’il s’agit de réduire le stress du mammifère marin, son niveau de conscience doit être maintenu afin qu’il puisse continuer à respirer et à nager. Les résultats de la recherche, menée par la National Oceanographic Atmospheric Association (NOAA) et organismes scientifiques, ont été publiés dans le journal scientifique en ligne PLoS One en mars 2010 (Sedation at Sea of Entangled North Atlantic Right Whales to Enhance Disentanglement).[CBC, Associated Press, 98,5 FM, NOAA, PLoS One]
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