Après deux années d’interruption, les navires baleiniers se préparent pour capturer plus de 150 individus de cette espèce en péril, s’opposant toujours au moratoire international. La reprise de cette chasse provoque un tollé mondial, parmi les défenseurs de la conservation des cétacés et les acteurs touristiques du pays. Les États-Unis envisagent un boycottage commercial envers l’Islande.

La compagnie Hvalur devrait commencer sa campagne de chasse au mois de juin dans les eaux islandaises. Selon les quotas, 154 rorquals communs pourraient être capturés, plus 20 % des quotas non utilisés de la saison dernière, ce qui porterait le nombre de captures potentielles à 184 individus.

La viande sera exportée vers le Japon, premier pays consommateur, pour laquelle la demande sur le marché avait considérablement chuté ces deux dernières années en raison du tsunami et des difficultés économiques.

Défendre le moratoire et protéger les rorquals en danger

Depuis 1996, le rorqual commun figure sur la Liste rouge des espèces menacées de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). En effet, l’espèce, au niveau mondial, a diminué de 70 % en trois générations (entre 1929 et 2007), ce déclin global s’observant surtout dans l’hémisphère Sud. Dans l’Atlantique Nord, les populations pourraient avoir tendance à augmenter, selon une estimation prudente de l’UICN en raison du manque de données disponibles et de la difficulté de dénombrer ces rorquals très mobiles et dispersés dans l’océan.

L’Islande pratique la chasse commerciale des cétacés en dépit du moratoire adopté en 1982 par les pays membres de la Commission baleinière internationale (CBI), car une résolution permet à un membre de s’opposer au moratoire et de s’octroyer des quotas. Depuis 2003, elle a capturé 496 petits rorquals et 280 rorquals communs et considère qu’elle mène une chasse légale et durable, basée sur des données scientifiques.

Une coalition d’organisations non gouvernementales internationales antichasse appelle le gouvernement des États-Unis à prendre des sanctions économiques ciblées contre l’Islande, en vertu de l’amendement Pelly (Loi de protection des pêcheurs). En 2010, ces défenseurs de la cause animale avaient adressé une pétition au président Obama, et en 2011, celui-ci avait chargé des secrétaires de son cabinet à prendre des mesures diplomatiques destinées à dissuader l’Islande de continuer la chasse. Il avait déclaré que les campagnes de chasse de ce pays menaçaient les efforts menés dans le monde pour la conservation des espèces en péril.

Observation touristique contre chasse

Pour la compagnie Havlur, qui possède quatre navires baleiniers chassant au harpon explosif de 70 kg, la saison de chasse génère 150 emplois saisonniers, l’année 2013 étant la dernière année de sa licence accordée pour cinq ans.

La direction de l’association touristique islandaise (Icelandic Tourism Association) a vivement critiqué cette décision de reprise de la chasse au rorqual commun, une chasse qu’elle considère non durable et poursuivant des intérêts privés au détriment de la protection du bien commun. Pour elle, une baleine vivante a bien plus de valeur qu’une baleine morte, et la seule façon de gérer les stocks de baleines des eaux islandaises et d’assurer leur pérennité est de pratiquer des excursions d’observation.
Cette activité touristique est de plus en plus populaire en Islande qui est une des meilleures destinations européennes pour observer plus d’une vingtaine d’espèces de mammifères marins. Selon un rapport du Fonds international pour la protection des animaux (IFAW) publié en 2009, cette activité génère plus de six millions d’euros pour les communautés côtières islandaises.

Concernant la chasse, les chiffres publiés par le ministre des Pêches au Parlement islandais en 2009 indiquent que chaque rorqual commun tué dans le cadre de la chasse « scientifique » pratiquée par le pays entre 2003 et 2007 a coûté deux millions de couronnes islandaises (ISK) aux contribuables islandais. Le coût total sur quatre ans a été de 400 millions ISK (2,7 millions d’euros). Sur ce total, 180 millions ISK (1,2 million d’euros) ont été accordés en subventions aux baleiniers, soit 0,9 million ISK (630 000 euros) par baleine morte.

Sources: Ice News, Iceland Review, Notre Planète, Switchboard NRDC, UICN.

Actualité - 16/5/2013

Christine Gilliet

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