Par Christine Gilliet
Considérant qu’ils sont des « personnes non humaines », le gouvernement central ferme la porte à tout projet d’animation ou d’exposition commerciale de ces animaux. Cette décision intervient après une vague de protestation au pays. Quant au dauphin du Gange en voie de disparition, ses populations et son habitat bénéficieront peut-être de plus d’attention, comme l’espèrent les acteurs de la conservation.
Le ministère de l’Environnement et des Forêts vient d’adresser une circulaire à ses gouvernements d’État pour qu’ils rejettent tout projet de création d’aquarium qui implique l’importation et la capture de cétacés en vue d’en faire une attraction ou une exposition commerciale privée ou publique.
Il est moralement inacceptable de garder les dauphins et cétacés en captivité pour en faire une attraction, a déclaré le ministre. Ils devraient être considérés comme des « personnes non humaines » en raison de leur grande intelligence et sensibilité, et avoir des droits spécifiques. Il a poursuivi en affirmant que la vie en captivité peut sérieusement compromettre le bien-être et la survie de tous les cétacés en modifiant leurs comportements, les plaçant dans un état de détresse extrême.
En ligne de mire
Les bassins de captivité pour cétacés ne pourront être autorisés que s’ils poursuivent seulement des buts de conservation et de protection en vertu de l’India’s Wild Life Protection Act instauré en 1972 (qui encadre entre autres les zoos) doublé de l’approbation de la Cour suprême.
Cette position du gouvernement central de l’Inde intervient après une vague de protestation, menée par la Federation of Indian Animal Protection Organizations (FIAPO), envers les projets de création d’un delphinarium dans l’État du Kerala et d’autres établissements d’attractions animés par des mammifères marins. L’Inde avait un seul delphinarium à Chennai dans les années 1990, qui a été fermé à la suite de la mort des animaux.
La liste des pays interdisant ces parcs d’attractions s’allongent au fil des années: 12 pays en Europe, Brésil, Chili, Costa Rica, Tunisie; d’autres renoncent à l’achat et l’importation de cétacés pour leurs parcs, comme Hong Kong en 2012.
Des personnes et des droits
En 2010, la Déclaration des droits des cétacés (Declaration of Rights for Cetaceans) a été rédigée par le groupe Helsinki constitué de scientifiques, philosophes, éthiciens et acteurs de la conservation. Ce groupe affirme que tous les cétacés ont, en tant que personnes, le droit à la vie, à la liberté et au bien-être.
Les signataires de cette déclaration incluent la professeure Lori Marino dont les travaux établissent que les cétacés ont un cerveau de grande taille, complexe, notamment dans les régions cérébrales impliquant les capacités cognitives et communicationnelles. Les dauphins ont une conscience d’eux-mêmes semblable à celle des humains, car ils se reconnaissent dans un miroir. Ils utilisent des outils et manient des concepts abstraits.
Pour le dauphin du Gange
Selon la Wildlife Protection Society of India, il est possible que cette interdiction renouvelle l’intérêt pour le dauphin du Gange (Platanista gangetica) et le plan de protection dont il fait l’objet jusqu’en 2020 pour lequel très peu d’actions sont prises et efficaces, selon l’avis de sa directrice générale Belinda Wright.
Cette espèce en voie de disparition est estimée à 2 300 individus et décroit de 10 % par an selon le World Wildlife Fund (WWF), victime de diverses activités humaines et de la dégradation de son habitat. Ce dauphin d’eau douce vit dans les fleuves et rivières asiatiques, et l’espèce compte plusieurs sous-populations. Le dauphin du Gange a été déclaré en Inde « animal aquatique national » en 2009.
Sources: DW, Environment News Service, Free dolphins Belgium,You Tube, Cetacean Rights, Nonhuman Rights Project