La fin, survenue hier, est triste: le nouveau-né est mort, probablement incapable de survivre à la difficile étape du sevrage, comme environ 50% de ses semblables, chaque année. Mais son histoire surprenante aura permis à Urgences Mammifères Marins de recueillir des informations précieuses et de faire découvrir à bien des riverains et des touristes la vie tumultueuse de cette espèce typique du Saint-Laurent. Voici cette histoire!

Le 2 juillet, une petite famille en balade sur une plage de Baie-des-Sables découvre un jeune phoque commun. Vigoureux, peu farouche, il se repose sur les galets. La plage est peu achalandée, mais d’autres passants l’aperçoivent aussi. Succombant à un réflexe courant dans cette situation, plusieurs de ces promeneurs approchent l’animal, tentent de le caresser, décident de « l’aider », le déplacent dans une mare d’eau… Après quelques appels à Urgences Mammifères Marins, tout le monde est sensibilisé: le phoque est laissé en paix. Des photos prises par ces promeneurs révèlent une petite plaie au niveau du nombril et une autre sur la tête. Les vétérinaires en lien avec Urgences Mammifères Marins sont d’avis que le jeune est en forme. Il quitte la plage de lui-même le 6 juillet.

Trois jours plus tard, Urgences Mammifères Marins reçoit un autre appel pour un jeune phoque, à 20 km de là, du côté de Matane. L’animal est en forme, bien qu’il ait une petite plaie au niveau du nombril et une seconde sur la tête… Un examen minutieux des photos permet, quelques jours plus tard, de confirmer qu’il s’agit bien du même individu. Rien d’inquiétant cette fois: il s’agit d’une plage privée et le phoque ne sera pas dérangé. Il y restera deux jours.

Pour sa prochaine halte, le choix de l’animal est moins heureux: le 16 juillet, c’est à environ 1 km de là, sur la plage d’un camping à Matane qu’il est signalé. Avant de contacter Urgences Mammifères Marins, des gens essaient de le remettre à l’eau et le phoque tente de les mordre. Très amaigri, les plaies agrandies, les yeux apparemment infectés, le phoque est dans un état alarmant. Les responsables du camping collaborent avec Urgences Mammifères Marins pour assurer sa tranquillité. Au Québec, le consensus des biologistes et des vétérinaires pour les cas de jeunes phoques malades est de laisser faire la nature quand il s’agit d’une cause naturelle. On envisage tout de même de relocaliser l’animal pour lui éviter le stress de l’achalandage. Mais il repart de lui-même, pour retrouver une petite plage plus tranquille qu’il avait occupée quelques jours auparavant, comme Urgences Mammifères Marins l’apprendra dans la journée. Il y mourra en fin d’après-midi.

Triste histoire, donc, mais où de nombreuses personnes auront appris que ce n’est jamais une bonne idée de manipuler un phoque trouvé sur une plage, et où plusieurs témoins auront aidé Urgences Mammifères Marins à mieux comprendre la situation, en prenant le temps de signaler le cas et d’envoyer leurs photos.

Quelques faits sur le phoque commun:

  • Le plus petit phoque du Saint-Laurent, il y réside à l’année.
  • La mise bas a lieu de la mi-mai à la mi-juin.
  • La mère allaite son petit pendant environ un mois.
  • Elle part régulièrement s’alimenter en mer pendant cette période.
  • Le jeune, appelé chiot, est capable de nager. Souvent, il attend sa mère sur une plage ou un rocher. Parfois, il crie pendant son absence.
  • Après le sevrage, le chiot est totalement abandonné par sa mère. Pendant quelques jours, il peut crier sur la plage.
  • Environ 50% des jeunes phoques communs meurent avant la fin de leur premier été.
  • La meilleure façon de les aider: les laisser en paix! S’il s’agit d’un lieu où ils risquent d’être dérangés, signalez la situation à Urgences Mammifères Marins (1-877-722-5346).
Urgences Mammifères Marins - 17/7/2013

Équipe du GREMM

Dirigée par Robert Michaud, directeur scientifique, l’équipe de recherche du Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM) étudie en mer les bélugas du Saint-Laurent et les grands rorquals (rorqual à bosse, rorqual bleu et rorqual commun). Le Bleuvet et le BpJAM quittent chaque matin le port de Tadoussac pour récolter de précieuses informations sur la vie des baleines de l’estuaire du Saint-Laurent.

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