Ce ne sont pas le vent et la neige qui ont empêché les mammifères marins de défiler dans le Saint-Laurent cette semaine. Sous les yeux attentifs de plusieurs braves témoins, rorqual commun, bélugas et marsouins communs ont causé émoi et émerveillement. Comme quoi il faut parfois braver les intempéries pour faire de belles observations!
Des rorquals dynamiques
La semaine dernière, un troupeau d’entre 5 et 6 rorquals communs soufflait au large de Franquelin. « On voyait vraiment les grands dos, explique un passionné des cétacés qui était présent, on ne les appelle pas le lévrier des mers pour rien! » C’est effectivement l’un des surnoms qu’on donne à ces géants. C’est l’une des baleines les plus rapides : elle a une vitesse de croisière de 10 à 15 km/h, mais peut atteindre jusqu’à 40 km/h. Le rorqual commun peut compter sur les puissants muscles qui propulsent sa nageoire caudale de haut en bas pour créer un mouvement efficace. Sa morphologie hydrodynamique, qui diminue la friction de l’eau sur son corps, lui permet également d’atteindre de grandes vitesses.
Le 15 mai, le souffle d’un rorqual à bosse brouille l’horizon. Contrairement aux rorquals communs, qui ont un corps élancé et fuselé, les rorquals à bosse ne sont pas taillés pour la vitesse. Ils ont une peau rugueuse, des protubérances en plus d’une silhouette ronde et robuste.
Un rorqual commun solitaire a aussi été vu dans le parc marin du Saguenay –Saint-Laurent à plusieurs reprises. L’équipe du Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM), qui était de retour sur l’eau pour préparer la saison estivale, a même pu identifier l’individu. Il s’agit de Bp920, un rorqual observé régulièrement dans l’estuaire depuis 2006.
Bélugas, intrigues et vie marine
Au quai de la traverse des Escoumins, un groupe d’environ 8 bélugas circulait en direction ouest. Une observatrice attentive raconte ce qu’elle a pu remarquer: « Un groupe de 5 à 6 individus devant et deux autres suivants derrière, dont un montrait sa nageoire caudale en plongeant. » Des bélugas remontent régulièrement le fjord du Saguenay et sont aperçu depuis Tadoussac ou par les passagers du traversier. À Saint-Irénée, une riveraine voit des dos blancs plusieurs jours par semaine. Avec le temps, on dirait presque qu’elle a développé un instinct pour savoir quand elle peut en voir. « Je connais les marées et lorsque la mer est d’huile, je sais l’endroit où ils sont alors je sais où regarder.»
Des phoques communs pointaient le bout de leur museau la fin de semaine dernière à Pointe-des-Monts. Un petit rorqual s’est présenté discrètement à proximité des iles Mingan tandis qu’à Blanc-Sablon un groupe d’environ 4 baleines s’agitait à proximité des glaces encore présentes dans la baie. Très loin du rivage, une observatrice se questionnait sur l’identification, mais les individus étaient trop loin pour capter des images qui auraient pu servir à déterminer l’espèce. Leur comportement était également intriguant, puisque les individus se croisaient, comme s’ils chassaient et jouaient.
En Gaspésie, la vie marine bat son plein. «Des phoques gris à pointe Saint-Pierre, rapporte une observatrice assidue, il étaient une dizaine et mangeaient du bar rayé! Aussi, lors d’une sortie j’ai vu des phoques communs au même endroit et cette fois ils jouaient par groupe de deux. Dans la baie de Gaspé au parc national Forillon, il y a aussi des rorquals à bosse et des petits rorquals près de la pointe Saint-George.» Dans le secteur du parc marin du Saguenay –Saint-Laurent, deux petits rorquals, plusieurs bélugas et de belles mouvées de phoques du Groenland. Quelques marsouins ont pointé le bout de leur nageoire dorsale depuis le cap de Bon-Désir aux Bergeronnes en plus d’un phoque commun.