Avec des observations directes de leurs comportements, une étude constate qu’elles modifient de manière inhabituelle leurs plongées d’alimentation, leurs émissions sonores et s’éloignent du bruit. Une étape importante pour la connaissance et la conservation.

Si le lien entre les échouages collectifs et l’utilisation de sonars militaires est avéré, le comportement des baleines en réaction à ces émissions sonores reste mal connu. La plupart des échouages collectifs de mammifères marins coïncidant avec des exercices navals militaires ont impliqué des baleines à bec et parfois quelques baleines à fanons.

Les carcasses des animaux échoués présentent des lésions causées par des accidents de décompression (bulles de gaz dans les tissus) et des embolies graisseuses. La nature de ces blessures suggère qu’elles ont été provoquées par des changements majeurs dans le comportement de plongée des animaux et dans leur physiologie.

Simuler des sonars actifs

Deux études ont été conduites par des équipes internationales et en partie financées par l’US Navy. Publiées dans la revue Biology Letters au mois de juin dernier, elles ont mesuré les réactions des baleines aux émissions de sonars actifs de moyenne fréquence utilisés par l’armée. Ces puissants sonars dépassant 230 décibels émettent dans des fréquences comprises entre 2,6 et 3,3 kHz.

L’une porte sur deux baleines à bec de Cuvier (Ziphius cavirostris) et l’autre sur 17 rorquals bleus (Balaenoptera musculus), évoluant dans les eaux du golfe de la Californie. Les scientifiques ont équipé chaque baleine d’une balise enregistrant ses déplacements, ses émissions sonores et les sons de son environnement. Ils ont ensuite soumis ces animaux à des émissions sonores simulées d’un sonar de moyenne fréquence, moins intenses que celles utilisées lors des fréquents essais militaires dans la région. Les enregistrements des balises ont mesuré les réponses comportementales directes des baleines à ces émissions.

Réactions inhabituelles

Il a été constaté que les baleines, en train de s’alimenter en profondeur, ont cessé leurs émissions sonores et que leur recherche de proies s’est interrompue de manière inhabituelle pendant six à sept heures. Elles se sont éloignées parfois rapidement de la source du bruit, prolongeant leur temps et leur patron de plongée de façon anormale.

Les baleines de Cuvier ont réagi de manière plus nette que les rorquals bleus, aussi bien à ces émissions de sonar simulées qu’à celles réelles. En effet, une troisième baleine à bec de Cuvier s’est trouvée de manière inopportune dans une zone d’essais militaires, même si elle en était assez éloignée.

Pour les scientifiques, les résultats obtenus sont importants pour la compréhension des risques courus par les baleines qui subissent une nuisance sonore, qu’elle soit de type sonar ou autre. Ils permettent d’éclairer leurs décisions de conservation, notamment des espèces des grands cétacés qui passent une très grande partie de leur temps en plongée profonde et dont leur mode de vie recèle encore bien des mystères.

Sources: Biology Letters, Gentside Découvertes, Futura Sciences, Science Daily, The Guardian.

Sur le site de Biology Letters (en anglais seulement) : First direct measurements of behavioural responses by Cuvier’s beaked whales to mid-frequency active sonar

Blue whales respond to simulated mid-frequency military sonar

Actualité - 25/7/2013

Christine Gilliet

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