Au sein du parc marin du Saguenay–Saint-Laurent, Parcs Canada effectue des recherches pour acquérir des connaissances sur le milieu marin et pour mesurer l’efficacité de ses mesures de protection dans le cadre de sa mission de conservation. L’objectif: atténuer l’impact des activités humaines sur les écosystèmes.

Observer les bélugas et le trafic maritime

L’observation des bélugas permet de comprendre comment ces baleines occupent les différents territoires. © Parc Canada

À partir du centre d’interprétation et d’observation de Pointe-Noire, à l’embouchure du Saguenay, et du belvédère de la baie Sainte-Marguerite, dans le parc national du Fiord-du-Saguenay, l’observation scientifique des bélugas permet de mieux comprendre l’occupation et l’utilisation de ces territoires par ces animaux. Les observateurs prennent en note le nombre de bélugas, la composition des troupeaux, leurs directions de nage ainsi que leurs comportements. La même procédure s’applique aux bateaux, pour suivre le trafic maritime.

Ce travail s’inscrit dans le projet de conservation et de restauration de Parcs Canada : «mieux cohabiter avec les bélugas». C’est entre autres grâce à ce projet que le secteur de la baie Sainte-Marguerite est depuis cette année fermé à la navigation de juin à septembre. Ainsi, l’observation des bélugas et du trafic à partir du belvédère permet d’évaluer cette mesure et d’aller plus loin dans l’analyse des comportements des bélugas dans ce secteur, connu pour être un lieu de socialisation et de repos pour cette espèce.

Esquisser le portrait des proies

À bord du bateau de recherche de Parcs Canada, l’Alliance, les scientifiques parcourent deux jours par semaine l’estuaire, entre Tadoussac et Les Escoumins, pour étudier le menu des mammifères marins. Pour cela, ils utilisent un échosondeur: cet outil projette des sons à différentes fréquences, et enregistre le retour de ceux-ci lorsqu’ils rencontrent quelque chose. On identifie alors les fonds marins, poissons, krills et autres composantes de cette portion d’eau par leur signature acoustique. C’est un peu comme faire une échographie du Saint-Laurent. Ainsi, Parcs Canada évalue l’abondance des proies et peut établir des zones propices à l’alimentation des baleines. Cela permet aussi de suivre la variation des proies et de leur quantité au sein d’une saison et en fonction des années, de quoi évaluer l’attractivité du secteur pour les mammifères marins. Les animaux présents dans la zone sont notés afin de connaitre le lien entre les prédateurs et leurs proies.

Le graphique illustre un banc allant jusqu’à 40 m d’épaisseur de poissons qui pourraient être du lançon dans le secteur de l’ile Verte. Plusieurs petits rorquals s’y trouvaient © Parc Canada

Pour confirmer l’identification acoustique, un échantillon du milieu est prélevé, afin d’effectuer une analyse d’ADN environnemental. Cette technique innovante en milieu marin est réalisée en partenariat avec le chercheur Louis Bernatchez de l’Université Laval. Elle permet de déterminer les espèces présentes grâce aux traces d’ADN laissées dans le milieu.

Suivre la navigation 

Parcs Canada analyse les enregistrements AIS (système d’identification automatique) des différents navires pour en suivre la vitesse et leur chemin à travers le parc marin. Cela permet de caractériser l’utilisation du territoire par la navigation, principale activité humaine dans le secteur. De plus, depuis 2013, des mesures volontaires ont été développées en partenariat avec l’industrie pour réduire les risques de collision avec les grands rorquals. Ainsi, l’analyse de ces données permet d’évaluer l’adhésion à ces mesures.

Suivre des activités en mer

Embarqués sur les bateaux d’excursion, des observateurs de Parcs Canada prennent en note les espèces observées lors des croisières et le nombre de bateaux présents dans les zones d’observation afin d’évaluer les territoires utilisés lors de cette activité. Effectué depuis 1994, ce suivi des observations en mer permet d’évaluer l’efficacité des mesures de gestion, pour une activité durable.

Compter les phoques

De plus, en partenariat avec la Sépaq, les équipes de Parcs Canada suivent l’abondance des phoques communs ainsi que le déplacement des échoueries au sein du fiord du Saguenay.


Célia Baratier a rejoint le GREMM cette saison comme naturaliste au CIMM et rédactrice pour Baleine en direct. Diplômée d’une maitrise en environnement et en communication scientifique, elle aime jouer avec les savoirs (et les mots !) pour partager et conter les aventures des baleines. 
Actualité - 24/8/2018

Collaboration Spéciale

Articles recommandés

Le retour des baleines noires sur leur territoire ancestral

Depuis 2015, les baleines noires de l’Atlantique Nord font un retour marqué dans le Saint-Laurent, un lieu qu’elles ne fréquentaient…

|Actualité 20/11/2024

La baleine noire australe : Résiliente et fascinante

Connaissez-vous la baleine australe? Cousine des baleines noires de l’Atlantique et du Pacifique Nord, cette baleine noire évolue dans les…

|Actualité 28/11/2024

Explorer les océans du passé grâce aux cétacés éteints

Bien avant que les baleines que nous connaissons et aimons nagent dans nos océans, de nombreuses créatures se cachaient dans…

|Actualité 11/11/2024