Les dauphins roses de l’Amazonie ou botos (Inia geoffrensis) sont capturés par les pêcheurs du fleuve pour appâter un poisson de forte valeur commerciale, le piracatinga (Calophysus macropterus) ou poisson-chat. Depuis les années 2000, de nombreuses carcasses de ces cétacés éventrés, découpés en quartiers, privés de leur chair sont trouvées sur les berges. Un seul dauphin constitue un appât de choix gratuit pour 500 kilos de poisson-chat et une source de revenus facile pour les pêcheurs. Les botos, peu craintifs et curieux, se laissent facilement approcher.

L’observation de ces dauphins d’eau douce, espèce menacée et protégée, génère d’autre part d’importantes ressources pour l’industrie touristique. La population est estimée à 10 000 individus.

1 500 dauphins tués par an

« La population de dauphins roses va s’effondrer, si les pêcheurs n’arrêtent pas de massacrer ces animaux », s’inquiète Vera da Silva, spécialiste des mammifères aquatiques pour l’Institut de la recherche en Amazonie. « Nous étudions une zone de 11 000 hectares depuis 17 ans, et ces dernières années, la population de dauphins roses a baissé de 7 % annuellement ». Ce pourcentage équivaut à environ 1 500 dauphins tués chaque année, dans la seule partie de la réserve de Mamiraua où Vera da Silva étudie les cétacés. En effet, cinq agents seulement sont chargés de protéger la faune d’une région deux fois plus grande que le Texas, selon l’Ibama (Institut brésilien pour l’environnement et les ressources naturelles et renouvelables) qui travaille avec le ministère brésilien de l’Environnement.

Des menaces multiples

Ces dauphins roses subissent de nombreuses menaces générées par les activités humaines: les prises accidentelles dans des filets de pêche, le développement hydroélectrique, la déforestation et la pollution en métaux lourds, notamment au mercure, utilisé pour l’exploitation des mines d’or riveraines. Pendant des siècles, ils ont été considérés comme des animaux mythiques. Selon les croyances populaires, le boto se transformait la nuit en un jeune homme séduisant avant de reprendre au matin son apparence de dauphin et les eaux du fleuve. Encore aujourd’hui, il serait mentionné comme père sur des nombreux certificats de naissance d’habitants de la région amazonienne. Leur capture était jugée comme source de malheur.

Le dauphin rose mesure en moyenne 2,50 m pour 160 kg. Ce cétacé à dents possède des vibrisses sur son long bec, appendices sensoriels lui permettant de détecter ses proies dans les eaux troubles et boueuses de l’Amazone. La couleur de la peau change avec l’âge de l’individu: de gris foncé à clair chez les juvéniles, elle devient rose sur le ventre et les flancs des adultes. Les adultes mâtures sont d’une coloration blanche et gris-bleu.[Maxisciences, Wikipédia, IUCN,AP, MarineBio]

En savior plus

Sur le site de Maxisciences : Dauphins roses: massacrés pour servir d’appât aux pêcheurs amazoniens

Sur le site de la Liste rouge de l’IUCN (en anglais seulement) : Inia geoffrensis

Sur le site de Associated Press (en anglais seulement) : Amazon river dolphins being slaughtered for bait

Sur le site de MarineBio (en anglais seulement) : Inia geoffrensis, Amazon River Dolphin

Actualité - 22/7/2010

Christine Gilliet

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