Pour la première fois, la stratégie alimentaire de cette espèce est documentée. Sa petite taille et sa capacité à manœuvrer sous le couvert de glace de mer permettent à ce petit rorqual d’accéder à des grosses quantités de krill alors que les autres prédateurs n’y parviennent pas. L’art d’être performant et de se créer une niche écologique.

Parmi les rorquals, ces mysticètes ou baleines à fanons qui engouffrent et filtrent leur nourriture, le petit rorqual de l’Antarctique (Balaenoptera bonaerensis) possède une des plus petites tailles, avec ses 7 à 10 mètres de longueur pour 6 à 9 tonnes. Le comportement alimentaire de ce petit rorqual est caractérisé par sa haute habileté à capturer ses proies et par ses plongées relativement peu profondes, inférieures à 100 mètres sous la surface. Mais c’est bien sous la glace qu’il semble le plus performant, d’après les observations réalisées par des scientifiques étatsuniens et australien, publiées récemment dans le Journal of Experimental of Biology.

Alors que cet environnement pourrait représenter à priori un piège pour lui, avec le risque de ne pouvoir sortir des glaces pour respirer, le petit rorqual de l’Antarctique y réalise un grand nombre de manœuvres d’engouffrement (lunge en anglais) lors d’une plongée en apnée. Par rapport aux baleines plus grosses mesurant jusqu’à une trentaine de mètres, son corps petit et fuselé lui confère un avantage certain pour manœuvrer rapidement et accéder aux bancs de krill (Euphausia superba) qui s’agrègent sous la glace de mer. Ce petit rorqual ajoute cette stratégie originale à celles de ses plongées alimentaires traditionnelles et de l’alimentation en surface.

Le record du nombre d’engouffrements

L’équipe a équipé deux petits rorquals de l’Antarctique avec des balises télémétriques pour suivre et enregistrer les données de leurs plongées. Par exemple, sur le graphique E de l’étude, le profil d’une plongée d’un individu, durant plus de 8 minutes sous la glace dans des profondeurs inférieures à 15 mètres, révèle une vingtaine d’engouffrements, certainement un record chez les rorquals. En effet, les petits rorquals optent pour de nombreux petits engouffrements (équivalant à moins de 70 % de leur masse corporelle) lors d’une plongée, contrairement aux plus grands rorquals qui effectuent un petit nombre d’engouffrements d’une énorme quantité d’eau et de nourriture (représentant 100 à 150 % de leur masse corporelle).

Les rorquals à bosse, rorquals bleus et rorquals communs de l’hémisphère Sud, qui eux aussi s’alimentent dans les eaux froides et riches des hautes latitudes, se cantonnent à fréquenter les eaux libres jusqu’à la lisière des glaces. Quant aux phoques et manchots, autres mangeurs de krill, ils ne peuvent atteindre les performances du petit rorqual de l’Antarctique, car ils capturent ces petits crustacés presque un à un. La gorge du petit rorqual se déploie comme un accordéon pour engouffrer des centaines de litres d’eau qui sera filtrée par les fanons pour ne garder que le krill.

Sources

Sur le site du Journal of Experimental of Biology (en anglais seulement):

Feeding rates and under-ice foraging strategies of the smallest lunge filter feeder, the Antarctic minke whale (Balaenoptera bonaerensis)

En savoir plus:

Sur le site du Journal of Experimental of Biology (en anglais seulement):

Minke whales lunge to feed under sea ice

Sur le site de Baleines en direct:

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