Trente heures : voilà le court laps de temps que prennent les marsouins communs pour développer leur audition au même niveau que chez les individus adultes. Chez l’humain, l’enfant entend déjà dans l’utérus, mais il lui faudra des années pour raffiner son ouïe. Le marsouin commun serait donc le mammifère qui développe le plus vite son aptitude à percevoir les sons, selon l’étude publiée dans le Journal of Comparative Physiology A.
Deux nouveau-nés de moins de trois jours et trois individus adultes ont été étudiés dans les bassins de l’aquarium Fjord&Baelt, au Danemark. À l’aide de deux électrodes posées sur les marsouins, un juste derrière l’évent et l’autre avant la nageoire dorsale, les chercheurs ont comparé la réponse auditive du tronc cérébral aux stimuli auditifs. Les sons envoyés par hydrophones se composaient de clics dont la fréquence oscillait autour de 130 kHz. En analysant les données, les chercheurs n’ont pas pu déceler de différences majeures entre la réponse auditive du tronc cérébral des nouveau-nés et celles des adultes.
« Ces informations sont cruciales à la fois pour la compréhension du développement sensoriel chez les nouveau-nés odontocètes à travers l’évolution, mais également pour la conception de mécanismes de protection et de législation efficaces pour les espèces sujettes aux perturbations par le bruit anthropique », concluent Magnus Wahlberg et Lara Delgado-García de l’Université du Sud du Danemark (Syddansk Universitet) et Jakob Højer Kristensen, les trois signataires de l’étude.
L’audition, chez les marsouins communs comme chez toutes les baleines odontocètes, est le sens le plus développé, car les sons servent à la communication et à l’écholocalisation.
Puisque l’eau transporte les sons plus vite et plus loin que l’air, l’océan est un environnement extrêmement bruyant où le trafic maritime, le forage et les communications des différentes espèces marines cohabitent. Avec l’augmentation des développements portuaires et du trafic maritime, l’étude permet d’ouvrir de nouvelles pistes de protection pour cet animal dont la situation est considérée comme «préoccupante» pour le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC).
Chez le béluga, on sait que le nouveau-né commence à émettre des sons quelques heures après sa naissance. Toutefois, on ne sait pas à quel point le petit peut percevoir et reconnaitre les sons. En ce moment, le GREMM et Valeria Vergara de l’Aquarium de Vancouver étudient la communication entre les mères bélugas et leur veau. La hausse de la mortalité des nouveau-nés et des femelles après leur accouchement pourrait-elle, en partie, être expliquée par l’augmentation du bruit dans le fleuve Saint-Laurent? Les chercheurs se penchent sur cette question dans une étude en cours sur les cris de contact.