L’annonce de ces exportations de viande et d’huile de phoque a suscité l’enthousiasme chez les chasseurs, après une année 2010 catastrophique, marquée par l’embargo européen et l’absence de glace. Pourtant, la chasse 2011 semble aussi mal partie avec le golfe du Saint-Laurent libre de glace. Quant aux défenseurs des animaux, ils jugent cet accord indigne et ce nouveau marché illusoire.
Le Canada exportera dès 2011 les produits comestibles du phoque vers la Chine, selon l’entente conclue entre les deux pays le 13 janvier dernier. Il sera le seul pays à avoir l’autorisation de vendre la viande et l’huile de phoque pour la consommation humaine en Chine. Cependant, la ministre fédérale des Pêches et Océans a prévenu qu’il faudra une promotion intensive pour créer une demande auprès des Chinois, qui ne connaissent pas du tout la viande de cet animal. Pour les autres produits de la mer, la Chine représente le troisième marché d’exportation du Canada, s’élevant à plus de 300 millions de dollars.
Chasseurs contents et défenseurs indignés
L’annonce de cette entente a été très bien accueillie par l’Association des chasseurs des îles de la Madeleine. En 2010, la chasse au phoque avait été catastrophique en raison de l’absence de glace et de l’embargo sur les produits dérivés du phoque instauré par l’Union européenne en 2009 sous la pression des groupes de défense des animaux qui dénonçaient la « cruauté » des méthodes de chasse. Selon les chiffres du gouvernement canadien, 6 000 Canadiens tirent de la chasse une partie de leur revenu annuel, évalué avant l’embargo à 10 millions de dollars par an, dont 25 % provenaient des ventes en Europe.
Du côté des défenseurs des animaux, notamment en Europe et en Chine, cet accord est jugé indigne, « les consommateurs chinois ne porteront pas la responsabilité éthique de payer pour le massacre cruel des phoques au Canada », selon IFAW. Certains d’entre eux considèrent qu’il n’y a pas d’avenir pour ce marché en Chine.
Comment chasser sans la glace?
Les conditions de la chasse qui s’ouvre vers la fin mars s’annoncent aussi difficiles qu’en 2010, le golfe du Saint-Laurent étant actuellement libre de glace. D’ailleurs, l’Association des chasseurs discutera de nouvelles approches pour atteindre le troupeau lors de la réunion annuelle du comité consultatif sur la chasse au phoque de l’Atlantique du 18 janvier à Saint John’s à Terre-Neuve.
Dix millions de phoques du Groenland, des quotas et des méthodes révisées
La quasi-totalité de la chasse commerciale cible les phoques du Groenland, dont la population au Canada atlantique a été évaluée à 6,8 millions d’animaux selon un recensement mené par Pêches et Océans Canada en 2008, mais avec les dernières estimations de 2010, elle se porterait à 10 millions et aurait donc presque quintuplé depuis les années 1971.
Pêches et Océans Canada fixera les quotas de chasse 2011, actualisés par rapport au Plan de gestion 2006-2010. En 2009, des modifications ont été apportées au Règlement sur les mammifères marins incluant le processus de capture en trois étapes: après l’avoir assommé, les chasseurs doivent confirmer la mort de l’animal, puis le saigner pendant au moins une minute avant de l’écorcher. La chasse aux blanchons (les petits du phoque du Groenland) et les dos bleus (petits du phoque à capuchon) est interdite depuis 1987.[Le Devoir, AFP, Montreal Gazette, La Presse, CBC News]
Pour en savoir plus:
Sur le site de l’AFP