Les baleines évitent généralement les régions complètement recouvertes de glaces, puisqu’elles ont besoin de venir respirer à la surface. Toutefois, certaines espèces s’attardent dans des milieux glacés, tels les rorquals bleus vus dans le golfe du Saint-Laurent en plein cœur de l’hiver, pour profiter de l’abondance de nourriture et ce, au péril de leur vie. C’est près d’une quarantaine de rorquals bleus qui ont été pris dans les glaces au sud-est de Terre-Neuve entre 1868 et 1992, et dans 70% des cas, l’emprisonnement a été fatal pour l’animal.
Pour d’autres espèces arctiques, comme les bélugas et les narvals, il s’agit d’un élément avec lequel ils doivent composer tout au long de leur vie. Les bélugas sembleraient préférer les eaux couvertes de glace de 70 à 90% l’hiver, ce qui assurerait des eaux plus tranquilles. Il existe tout de même un risque de piégeage dans les glaces, surtout lorsque le froid arrive soudainement au début de la saison et que la glace se forme rapidement. Il est donc assez commun que des dizaines voire des centaines d’individus meurent de cette façon.
Ce couvert assurerait aussi un camouflage pour ces baleines blanches, ainsi qu’une protection des prédateurs. Pour survivre dans ces milieux infestés de glace, ces baleines doivent posséder plusieurs adaptations comme une peau épaisse et une crête dorsale, pour limiter les pertes de chaleur, casser la glace jusqu’à une certaine épaisseur et réduire la gravité des blessures occasionnées par la glace. Les bélugas possèdent un répertoire vocal très développé pour communiquer malgré le bruit incessant des glaces, ainsi qu’un sonar très performant pour repérer les trouées dans la banquise ainsi que les zones où la glace est assez fine pour être brisée.
La glace joue un rôle prépondérant dans la vie de ces baleines, régulant leurs déplacements et leur alimentation. Le lien possible entre le déclin des bélugas du Saint-Laurent et les modifications observées dans le golfe, dont la diminution du couvert de glace en hiver, a d’ailleurs été soulevé.