Le mois de mai est un mois un peu frisquet sur l’eau et les fenêtres météo favorables sont un peu plus étroites qu’en été. Il nous faut une motivation supplémentaire pour faire des sorties en ce début de saison. Pour ma part, c’est la probabilité plus grande en cette période d’observer une mère avec son baleineau revenant de leur migration annuelle qui me pousse à retourner sur l’eau. Les possibilités de rencontres sont aussi plus grandes lorsqu’on effectue des sorties le plus près possible de la porte d’entrée du golfe Saint-Laurent. C’est pourquoi j’aime bien aller sur la pointe gaspésienne le plus tôt possible en saison pour mettre toutes les chances de mon côté.

Le dimanche 28 mai, j’effectuais ma troisième sortie printanière et ma deuxième au large du cap Gaspé. Avec mon pilote Pierre, nous sommes sortis au nord des falaises de Forillon et nous avons eu la chance d’observer sur un parcours de 80 milles marins, quatre beaux rorquals communs, dont un couple d’une mère avec son veau. C’est un spectacle toujours très attendrissant.

Cette rencontre m’a rappelé celle du 12 mai 2007, dans la baie de Gaspé, où j’ai eu la chance d’observer B295, une femelle rorqual bleu, avec son veau. C’est une observation rarissime puisqu’en 40 ans, la Station de recherche des îles Mingan n’en a dénombré que 22 pour l’Atlantique nord-ouest. Ce constat soulève son lot de questions.

Toujours au mois de mai, cette fois le 18 mai 2016 pour être précis, j’ai rencontré, aussi dans la baie de Gaspé, le femelle rorqual à bosse H008 nommée Pseudo, avec son nouveau-né. C’était la cinquième fois que j’observais une mère rorqual à bosse avec son veau et toutes les fois, ce fut dans la baie de Gaspé.

Et, comme je le mentionnais dans mon dernier carnet de terrain, le 14 mai dernier, je photographiais un rare globicéphale noir de l’Atlantique dans les eaux du Saint-Laurent, avec un veau.

Pour un observateur, il y a différents niveaux de satisfaction lors de rencontres avec les baleines pour fin de photo-identification. Ça peut être le nombre d’espèces observées par sorties, le nombre d’individus rencontrés ou déjà connus ou encore d’avoir repéré l’espèce rare, mais à mon point de vue, rien n’équivaut à l’observation d’une mère avec son baleineau.
Les voir évoluer tout doucement « collés-serrés », est un spectacle émouvant qui nous permet de constater le renouvèlement de la vie chez ces magnifiques animaux.

Rorqual commun avec son veau
Le rorqual commun et son veau vu le 28 mai. Chez le rorqual commun, la gestation dure de 11 à 12 mois et la mise bas se déroule entre novembre et janvier. L’allaitement dure 6 à 7 mois. La femelle peut donner naissance tous les 3 ans. © René Roy
Rorqual bleu avec son veau
B295 et son veau. L’accouplement et la mise bas se produisent en fin d’automne ou en hiver chez le rorqual bleu et la durée de gestation est de 10 à 11 mois. La période d’allaitement dure 7 mois. © René Roy
Rorqual à bosse avec son veau
La gestation chez le rorqual à bosse dure de 11 à 12 mois. Les naissances ont lieu de janvier à mars. L’allaitement dure de 5 à 10 mois. Le jeune reste 1 an, quelquefois 2, avec sa mère, ce lien entre la mère et son jeune étant le plus long chez les mysticètes. © René Roy
Globicéphale avec son veau
Chez les globicéphale noir de l’Atlantique, la saison de reproduction a lieu entre avril et septembre. La gestation dure 12 mois. Les jeunes sont allaités pendant 3 ans. © René Roy
Carnet de terrain - 1/6/2017

René Roy

René Roy est un cétologue amateur, passionné de la mer et des baleines, résidant à Pointe-au-Père, dans le Bas-Saint-Laurent. Depuis plusieurs années, il entreprend des expéditions de photo-identification pour le compte de la Station de recherche des iles Mingan (MICS), principalement en Gaspésie. Il est également bénévole pour le Réseau québécois d’urgences pour les mammifères marins.

 On peut voir ses photos sur Facebook

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