Premièrement, il faut savoir que ce type d´incident est assez commun et fait partie de la vie normale des bélugas dans l´Arctique. Ces emprisonnements surviennent particulièrement lors de conditions très froides alors que la glace se forme rapidement. Les animaux emprisonnés meurent souvent de prédation par les ours polaires ou d´épuisement. Les incidents impliquant un grand nombre d´animaux semblent rares, mais, au Groenland, on fait état par exemple de 1000 bélugas pris dans la glace en 1915 et de 3000 en 1955. Les narvals, baleines boréales, rorquals bleus, etc. sont aussi susceptibles d´être piégés par les glaces. Entre 1868 et 1992, 41 rorquals bleus ont été retrouvés pris dans les glaces au sud-est de Terre-Neuve; 28 sont morts, cinq se sont échappés et huit ont connu un sort incertain.

Sachant cela, la question se pose: doit-on nécessairement intervenir? Faut-il interférer avec la nature? Quels sont les risques et les coûts d´une telle opération? Quels en sont les objectifs? Est-ce que cette intervention a un sens pour la conservation de l´espèce? C´est le cas si la population d´origine est petite et en péril, et que le sort des individus en difficulté peut avoir des répercussions sur le rétablissement de cette population. Agit-on simplement pour le bien-être de ces animaux? Faut-il le faire dans tous les cas? Seulement dans les cas où l´intervention est relativement simple et peu coûteuse? Ou quand la pression du public se fait intense via les médias? Et alors, est-ce vraiment pour les animaux ou pour que les responsables de l´intervention jouissent d´une bonne publicité? Cette publicité peut-elle en bout de ligne aider la population animale en sensibilisant le public à sa situation et en aidant à le mobiliser pour la protection de l´environnement?

C´est ce type de questions qui a dirigé le développement de la philosophie d´intervention et des principes éthiques qui guident le Réseau québécois d´urgences pour les mammifères marins ; un réseau qui a pour mandat d´organiser, de coordonner et de mettre en oeuvre des mesures visant à réduire les mortalités accidentelles de mammifères marins, à secourir des mammifères marins en difficulté et à favoriser l´acquisition de connaissances auprès des animaux morts, échoués ou à la dérive dans les eaux du Saint-Laurent. Ainsi, les membres du Réseau se sont entendus sur une philosophie plutôt “non-interventionniste” et ils agissent en priorité quand l´incident implique une espèce en péril ou quand l´incident a une cause humaine, ce qui implique une certaine responsabilité morale (ex. empêtrement dans un engin de pêche, déversement d´hydrocarbures, etc.). Pour en savoir plus sur les interventions et les urgences mammifères marins au Québec.

Les baleines en questions - 15/12/2011

Équipe du GREMM

Dirigée par Robert Michaud, directeur scientifique, l’équipe de recherche du Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM) étudie en mer les bélugas du Saint-Laurent et les grands rorquals (rorqual à bosse, rorqual bleu et rorqual commun). Le Bleuvet et le BpJAM quittent chaque matin le port de Tadoussac pour récolter de précieuses informations sur la vie des baleines de l’estuaire du Saint-Laurent.

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