En Gaspésie
«C’était si gros, même à des milles de là, je croyais qu’il s’agissait d’une île!». Ce sont les paroles de René Roy, collaborateur de la Station de recherche des îles Mingan (MICS) qui a été appelé ce mardi pour documenter une carcasse qui avait été signalée à la dérive au large de Percé plus tôt en matinée. Des agents des pêches en patrouille aérienne avaient contacté le 1-877-7baleine alors qu’ils croyaient avoir trouvé un rorqual bleu à la dérive. M. Roy a mis le cap sur l’emplacement à partir de la mer. À quelques mètres du géant, il constate qu’il s’agit d’un rorqual mâle, la poche ventrale gonflée à bloc par les gaz de putréfaction. La baleine fait environ 15 m de long. Sa peau est foncée, la face ventrale de sa queue est pâle. La forme de la nageoire pectorale fait effectivement penser à celle du rorqual bleu, mais il ne décèle pas le patron de coloration typique de ces baleines, soit des mouchetures bleu foncé sur un fond gris pâle. Comment déterminer avec certitude de quelle espèce il s’agit? Un critère unique chez le rorqual commun est sa pigmentation asymétrique. La mandibule inférieure droite est couleur crème, alors que le reste du corps est gris sombre. Cette asymétrie affecte aussi la pigmentation des fanons et des sillons ventraux. La description et les photos de M. Roy le confirment: un rorqual commun dérive dans la houle du golfe.
M. Roy a vite remarqué une entaille profonde sur le pédoncule du rorqual et des blessures sur la queue. Ces coupures, en plus des stries horizontales sur le ventre de la baleine, suggèrent un empêtrement. Aucun engin de pêche n’a été retrouvé sur le corps de l’animal. Ce rorqual commun n’a pas été signalé depuis le 30 juin dernier. Si vous l’apercevez échoué ou à la dérive, merci de le signaler rapidement au 1-877-7baleine.
Mise à jour, 3 juillet 15h: le rorqual commun a été revu par M. Roy, toujours à la dérive, au large du parc national de Forillon ce matin à 11h. Il semblait dériver vers le large et donc s’éloigner des côtes de la Gaspésie.
Mise à jour, 6 juillet: René Roy a signalé la carcasse échouée sur les rives du parc national Forillon ce samedi 4 juillet. La carcasse se trouve dans le secteur du cap Bon-Ami, un endroit fermé aux visiteurs. L’animal n’est accessible que par la mer. Marco Cotton, kayakiste chevronné de la Gaspésie, a accepté d’aller documenter l’échouage à l’aurore dimanche. Il s’est approché du rorqual commun pour photographier les blessures vraisemblablement laissées par un cordage. Aucun engin de pêche n’était présent toutefois sur le corps de la baleine. Le rorqual ne sera pas déplacé ni récupéré pour l’instant. Il avait fait l’objet d’échantillonnage en mer le 30 juin et la documentation visuelle a été complétée. Si des fanons étaient présents, ils pourraient aussi faire l’objet d’échantillonnage. Impossible pour le moment de le dire comme le mastodonte est sur le dos et qu’il n’a pas été possible de s’approcher près de la tête. La carcasse est susceptible de repartir avec la marée et donc être signalée dérivant de nouveau. À suivre!
En Basse-Côte-Nord
Urgences Mammifères Marins ne reçoit pas souvent d’appels en provenance de la Basse-Côte-Nord, mais le 23 juin, des résidents de La Tabatière ont signalé la présence d’un rorqual échoué sur l’île Harris, derrière l’île du Gros-Mécatina. La collaboration des gens de Gros-Mécatina est généreuse: un appel à la population est fait et rapidement des photos sont publiées sur les réseaux sociaux; il s’agit d’un rorqual à bosse mâle. Comme l’endroit est en périphérie de l’aire de recherche des partenaires intéressés par des échantillons, il est difficile d’aller récolter des données scientifiques sur la baleine. On souhaite avoir des photos de la face ventrale de la queue afin d’identifier l’individu, mais comme le rorqual est immergé, il n’est pas possible de le faire. Le rorqual n’est plus sur les berges de l’île. Il pourrait donc être de nouveau signalé dans la région.