23 avril 2013
L’opinion d’expert du biologiste mammifères marins Jack Lawson, de Pêches et Océans Canada, est à l’effet que les quatre rorquals bleus échoués ces derniers jours pourraient faire partie des neuf baleines dont la mort avait été documentée il y a quelques semaines. Celui-ci souligne à nouveau que les conditions de glace exceptionnelles de l’hiver qui s’achève ont piégé ces animaux, qui se nourrissent des accumulations de planctons aux limites des glaces. La perte est inquiétante pour cette population en péril. D’autres baleines, bien vivantes, ont également été observées dans le golfe.
Pour en savoir plus (en anglais):
- Blue whales were dead before reaching Bonne Bay: scientist (Diane Crocker, The Western Star, 23 avril 2014)
- Suivi: Le Musée royal de l’Ontario récupérera les carcasses des baleines à Terre-Neuve (Radio-Canada avec Agence France-Presse, 1er mai 2014)
22 avril 2014
Quatre baleines, dont au moins un rorqual bleu, ont été trouvés mortes dans les glaces aux abords de Terre-Neuve ces derniers jours, ce qui s’ajoute aux neuf individus de cette espèce en péril morts prisonniers des glaces il y a environ deux semaines. Cette fois, les carcasses sont échouées près du parc national de Gros-Morne.
9 avril 2014
Jack Lawson, biologiste marin pour Pêches et Océans Canada, a survolé le secteur vendredi dernier et qualifie la situation de déchirante. Le rorqual bleu de l’Atlantique Nord-Ouest est classé «en voie de disparition» et compte probablement moins de 250 individus matures. Cet incident est donc un dur coup pour la population et pour tous ceux qui travaillent à son rétablissement.
Les baleines se sont fait prendre dans un «piège de glace», à 55 milles marins à l’ouest du cap Anguille, sur la côte sud-ouest de l’île de Terre-Neuve. Elles se sont probablement noyées ou ont été écrasées par les glaces en mouvement.
Un mode de vie risqué
Les rorquals bleus recherchent des endroits riches en nourriture, là où se forment d’importantes concentrations de krill, afin de combler leurs besoins gargantuesques. Bien qu’il s’agisse d’une espèce migratrice qui quitte normalement le Saint-Laurent l’hiver, des individus sont observés chaque année en plein hiver, se nourrissant parmi les glaces.
Tous ne connaissent pas ce sort tragique, mais, tout de même, 23 cas de piégeages dans les glaces, impliquant au moins 41 rorquals bleus, ont été recensés par l’équipe du Whale Research Group le long de la côte Ouest de Terre-Neuve entre 1869 et 1992. En 2005, deux carcasses de rorquals bleus avaient été repérées parmi les glaces, l’une dans l’estuaire et l’autre au large de Sept-Îles. Les températures froides et le couvert de glace très important cet hiver augmentaient les risques de ce type d’incidents; d’ailleurs une trentaine de dauphins à nez blanc sont morts dans les glaces au mois de mars dernier, toujours à Terre-Neuve.
Protéger les rorquals bleus des pressions humaines
L’état critique de la population de rorquals bleus qui fréquente le Saint-Laurent la rend vulnérable aux incidents ponctuels et naturels. Si la population était abondante et en santé, ces tristes incidents ne seraient pas, en plus, inquiétants. Comment, donc, aider ces géants dans nos eaux? En réduisant l’effet cumulé des pressions humaines sur le rorqual bleu, on augmente sa capacité à «encaisser» les incidents naturels et on augmente ses chances de rétablissement. Voici quelques exemples:
- La mise en place en 2002 du Règlement sur les activités en mer dans le parc marin du Saguenay–Saint-Laurent, obligeant les bateaux à rester à 400 m de ces animaux. En restant à distance, on risque moins d’interrompre les comportements d’alimentation de cet animal farouche. Des animaux mieux nourris l’été risquent peut-être moins de s’attarder l’hiver en zones dangereuses.
- L’engagement des entreprises d’excursions en mer membres de l’Alliance Éco-Baleine: rester à 400 m des rorquals bleus, même là où la mesure n’est pas obligatoire (c’est-à-dire en dehors des limites du parc marin).
- Les mesures volontaires prises par l’industrie maritime dans l’estuaire du Saint-Laurent l’été dernier: éviter une zone d’alimentation importante pour le rorqual bleu et ralentir aux abords de cette zone diminuent les risques de collision mortelle.
- La Loi limitant les activités pétrolières et gazières, entrée en vigueur en 2011, et qui interdit l’activité pétrolière et gazière dans la
partie du Saint-Laurent située en amont de l’île d’Anticosti. Ceci empêche l’ajout de nouvelles menaces humaines dans un environnement important pour le rorqual bleu. La possibilité d’un développement pétrolier et gazier dans le golfe du Saint-Laurent soulève par contre de grandes préoccupations.
Pour en savoir plus:
- Une excellente entrevue de Véronique Lesage, chercheure à l’Insitut Maurice-Lamontagne de Pêches et Océans Canada. Cliquez ici (audio-fil de l’émission de Catherine Lachaussée à Radio-Canada, à 15h24 (12min)).
- Perspectives, par Robert Michaud, directeur scientifique du GREMM. Cliquez ici (audio-fil de l’émission de Bis Petitpas à Radio-Canada, à 8h48 (7 min)).