Des orques en captivité ont cohabité avec des dauphins dans un bassin pendant des années. Cela a fourni l’opportunité à des chercheurs d’observer leur capacité à adopter les patrons de vocalisations de ces derniers. Cette plasticité vocale et neuronale, doublée d’une motivation à socialiser, pourrait les aider à s’adapter et survivre à des changements de leur environnement.
L’étude menée par Whitney Musser de l’University of San Diego sous la supervision de la scientifique Ann Bowles du Hubbs-SeaWorld Research Institute a été publiée le 7 octobre 2014. Les chercheuses et leur équipe ont effectué leurs observations sur des animaux vivant en captivité dans des bassins d’aquarium, pendant plusieurs années. Elles ont enregistré les vocalises de trois orques (Orcinus Orca) ayant partagé une partie de leur existence leur bassin avec des grands dauphins (Tursiops truncantus). Elles ont ensuite comparé leurs vocalises à celles émises par sept orques ayant vécu seulement avec leurs congénères et à celles de neuf dauphins.
Clics et sifflements à la manière de
Les orques ayant cohabité avec des dauphins ont modifié leur manière de vocaliser pour adopter celle des dauphins, en émettant plus de clics et de sifflements, et moins de sons pulsatiles ou sons d’appels destinés à communiquer entre eux. Ces sons, qui éclatent de façon pulsée et sont ponctués de silence, constituent des dialectes chez les différents clans d’orques (aussi appelés épaulards).
Une des trois orques ayant vécu en interaction avec les dauphins a appris spontanément un gazouillement, ou suite de clics, qu’une soigneuse avait enseigné à un dauphin avant que l’orque rejoigne le bassin commun aux deux espèces. Elle a également adopté un sifflement caractéristique émis par un des dauphins.
Apprendre et s’adapter
Sans qu’on puisse parler d’un langage appris, le terme de langage étant plutôt réservé aux humains, ces résultats témoignent de la capacité des orques à apprendre de nouveaux patrons de vocalises, dans un contexte environnemental favorable à un tel apprentissage. Ils mettent aussi en évidence leur plasticité vocale, mais aussi neuronale avec la capacité de leur cerveau à modifier ses circuits pour incorporer de nouvelles informations. Quant à leur motivation à adopter des vocalises conformes à celles de leurs partenaires sociaux, elle semble manifeste pour les scientifiques de l’étude, même si ceux-ci n’émettent aucune hypothèse sur son but ou son utilité.
Ces chercheurs soulignent qu’il y a des raisons légitimes et immédiates d’étudier les patrons de vocalises des cétacés parce que ces animaux et leurs habitats sont menacés par les activités humaines et les changements climatiques. Si les liens sociaux des orques reposent sur leurs vocalises, leurs capacités à s’adapter à des territoires en mutation et à des groupes sociaux d’autres espèces seront étroitement liées à leurs aptitudes à adapter leurs stratégies de communication.
Sources
Sur le site du Journal of Acoustical Society of America (en anglais seulement):
Differences in acoustical features of vocalizations produced by killer whales cross-socialized with bottlenose dolphins
Sur le site de Newswise (en anglais seulement):
Killer Whales Learn to Communicate like Dolphin (communiqué)
On a aimé REGARDER:
Sur le site de Inquisitr (en anglais seulement):
Killer Whales Learn ‘Language’ Of Bottlenose Dolphins (vidéo de 1 min 56 s)
En savoir plus:
Sur le site de Futura Sciences:
Les orques savent apprendre le langage des dauphins
Sur le site de Baleines en direct:
Épaulard
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