Pour survoler ces animaux et leurs habitats, ces aéronefs télécommandés sont bien moins coûteux que les avions. Les études scientifiques menées avec des drones se développent. Les particuliers les utilisent de plus en plus. Mais les États-Unis viennent d’interdire leur survol des parcs fédéraux.
L’observation aérienne permet de couvrir de grandes superficies marines et de collecter des données concernant la répartition et l’abondance des populations de mammifères marins. Son coût et ses contraintes de mise en œuvre limitent cependant le nombre des campagnes. Elle constitue aussi un outil intéressant pour caractériser les activités qui ont lieu à la surface de l’eau, notamment la navigation commerciale ou récréative, dans l’objectif de délimiter une future aire marine protégée.
Un nouveau moyen pour la recherche et la conservation
Les drones, ces aéronefs télécommandés (appelés UAV pour Unmanned Aerial Vehicle en anglais) élargissent la vision d’une zone marine à partir d’un bateau de recherche, et même de la terre pour un survol côtier. Ils peuvent limiter de manière significative le temps de localisation des animaux. On en trouve de toutes les sortes, de tailles variables (de quelques centimètres à plusieurs mètres d’envergure ou de longueur); ils sont propulsés par des hélices, des rotors et même des réacteurs. Leur autonomie est très variable selon qu’ils sont alimentés par du carburant ou de l’électricité. Ils peuvent être personnalisés et équipés selon les besoins avec des capteurs et appareils de prises de vue et peuvent être programmés pour fonctionner de manière automatisée, notamment dans l’analyse des images. Leur coût est relativement abordable, à partir de quelques centaines de dollars.
Pour la recherche sur les mammifères marins, des pays utilisent déjà ou testent des drones, créent des flottes de mini-drones fonctionnant en réseau, comme le projet FEDER en France. Aux États-Unis, Wayne Perryman, biologiste marin du National Oceanic and Atmospheric Administration’s (NOAA) Southwest Fisheries Science Center a été parmi les premiers chercheurs à adapter des caméras d’espionnage militaires pour le suivi des populations de dauphins dans les années 1980. Avec un drone en 2013, il a mené une étude sur les cachalots dans le Pacifique Sud, ce qui lui a permis dans le même temps de tester l’utilisation du drone selon ses avantages et ses difficultés techniques. L’aéronef a pu s’approcher d’un cachalot, se placer au-dessus de son souffle pour prélever des particules exhalées dont l’analyse livrera des données chimiques et microbiennes sur la santé du cétacé. À partir de photos prises au-dessus du corps de la baleine, les chercheurs ont développé des méthodes, à base de techniques statistiques, pour estimer la taille, l’âge, l’état de santé et de blessure d’un animal, si une femelle est gestante ou non.
Réglementations
Si le drone est plutôt considéré comme un moyen d’approcher les mammifères marins ayant un faible impact de dérangement à leur égard, il évolue toutefois dans une zone grise du Marine Mammal Protection Act aux États-Unis. Cette réglementation interdit la « prise » (taking en anglais) de ces animaux, une notion globale précisée par le fait qu’on ne doit par les harceler, chasser, tuer ou récolter, ou tenter de le faire. En fait, il s’agit de ne pas perturber ou modifier le comportement naturel de ces espèces. Selon ses équipements de propulsion, un drone peut être bruyant surtout lorsqu’il évolue à très basse altitude, ce qui peut occasionner du stress aux mammifères marins et les déranger.
Au Canada, l’utilisation des drones est réglementée par Transports Canada qui les catégorise comme des aéronefs habités. Dans le parc marin du Saguenay–Saint-Laurent, les aéronefs ne doivent pas survoler le parc à moins de 2000 pieds (609,6 mètres). Les survols des mammifères marins au titre de la recherche scientifique sont soumis à l’obtention de permis spéciaux.
Interdit dans les parcs fédéraux états-uniens
Des amateurs passionnés utilisent de plus en plus des drones pour filmer ces animaux et produire des images spectaculaires à moindre coût. L’agence fédérale du National Park Service a instauré le 20 juin dernier une interdiction temporaire de survoler les parcs marins et terrestres avec ces aéronefs, le temps de mettre en place une politique fédérale. Ce bannissement intervient après que de nombreuses plaintes ont été déposées à cause des impacts négatifs des drones sur les visiteurs, sur la vie sauvage et de leurs interférences avec les missions de sauvetage. Dans le cadre de missions scientifiques, de sauvetage ou de lutte contre les incendies, des autorisations seront délivrées.
Sources
Sur le site de Motherboard (en anglais seulement):
Drones Would Revolutionize Oceanic Conservation, If They Weren’t Illegal
Sur le site de NOAA Southwest Fisheries Science Center (en anglais seulement):
Scientists Use Aerial Drones to Study Sperm Whales Up Close
En savoir plus
Sur le site de Sciences Ouest:
L’œil volant de l’océan
Sur le site du Wall Street Journal (en anglais seulement):
National Park Service Moves to Ban Drones
Sur le site du Dronologue:
Des drones travaillent en Arctique
Sur le site de Baleines en direct: