Par Christine Gilliet
Night Navigator 3 est le système développé par la compagnie Current Corporation, dont les tests de simulation viennent d’être validés par un spécialiste des baleines. Il peut détecter leur souffle sur de grandes distances, jour et nuit. Avec cet équipement de haute technologie militaire disponible sur le marché nautique, les collisions avec les géants des mers pourront être évitées.
Une vigie pour la nuit
Deux différents systèmes de caméras thermiques à double champ de vision du Night Navigator 3 ont été testés à Vancouver par la compagnie canadienne basée en Colombie-Britannique. Pour simuler le souffle d’une baleine, un compresseur a propulsé un volume d’air porté à la température d’un mammifère (37°C) à une hauteur comprise entre trois et six mètres. Ce simulateur a été installé sur une barge placée à des distances variées de 100, 250, 500, 1 000 et 2 000 mètres des caméras. À chacune de ces distances, le simulateur a éjecté plusieurs souffles qui ont été captés par le système d’imagerie thermique.
Les tests ont été supervisés et validés par le professeur Joe Mobley de l’Université d’Hawaï, un spécialiste dans la recherche sur les baleines qui déclare à l’issue des tests qu’il n’avait jamais rien vu de tel parmi les projets et les produits qui lui ont été présentés depuis des années. Les résultats ont été présentés en septembre 2010 lors d’un salon à Monaco, à la Commission baleinière internationale (CBI) et auprès de l’Agreement on the Conservation of Cetaceans in the Black Sea, the Mediterranean Sea and the Contiguous Atlantic Area (ACCOBAMS).
Des applications pour le sauvetage et la protection de l’environnement
La dernière version du Night Navigator 3 combine un système de caméras de vision nocturne de haute définition qui amplifie la moindre source de lumière (0.000001 lux) et des caméras pour le jour, qui détectent avec précision les objets. Monté sur cardans, l’appareil est équipé d’un zoom et tourne en continu sur 360°. Cette technologie d’usage militaire est désormais disponible sur le marché nautique pour équiper les navires de plaisance à voile ou à moteur, les navires commerciaux et à haute vitesse, ainsi que les bateaux de surveillance des côtes. Elle s’applique également aux opérations de suivi et de sauvetage dans des conditions climatiques extrêmes, ainsi qu’à la détection des déversements d’hydrocarbures.
Un facteur de mortalités dans le monde
Une collision entre un navire et un cétacé peut, selon l’angle et la force de l’impact, blesser ou tuer l’animal. Les hélices des navires peuvent sectionner la queue, une nageoire et provoquer de profondes entailles, des fractures et ecchymoses. Si les navires sont bruyants et les baleines possèdent une bonne ouïe, ces dernières sont moins alertes pour réagir rapidement, quand elles se reposent ou dorment en surface, quand elles allaitent ou se reproduisent. La grande vitesse de certains navires ne leur laisse pas toujours le temps d’éviter la collision. Certaines espèces ou populations très réduites, telles que la baleine noire de l’Atlantique Nord, restent particulièrement exposées malgré les mesures prises pour minimiser les risques de collision.
Les collisions fatales entre des navires et des grands cétacés augmentent depuis les années 1950, avec l’accroissement du trafic et de la vitesse. Elles sont peu documentées, car les équipages n’ont pas toujours conscience de l’impact ou ne rapportent pas ces incidents aux autorités. Les carcasses peuvent couler et ne jamais refaire surface, surtout si l’animal a été sectionné.[Current Corporation, FrogHeart]
Pour en savoir plus:
Sur le site de Current Corporation (en anglais seulement)