Parcours atypique et créatif
Qu’est-ce qui a poussé une jeune femme de 30 ans, native d’un village suisse alémanique, n’ayant jamais été sur l’eau, à suivre un cours sur les baleines dans un centre de recherche du Saint-Laurent et à en devenir directrice dix ans plus tard? Une motivation passionnée, un engagement constant et un coup du sort.
C’est en 1993 qu’Ursula Tscherter réalise son rêve d’enfant de travailler auprès des baleines, alors qu’elle est stagiaire à la Société d’éducation et de recherche océanique (ORES). Un été qui allait la marquer à jamais : Ned Lynas, le fondateur d’ORES, lui transmet alors sa passion et sa curiosité envers les baleines, et sa soif de les faire découvrir et de les étudier avec les méthodes les moins intrusives possibles.
Elle, qui avait œuvré auparavant comme charpentier-ébéniste, enseignante du travail manuel et naturaliste en forêt, est donc revenue l’été suivant aux Bergeronnes pour rénover une maison, qui allait devenir la station de recherche, et apprendre le métier de chercheur de baleines. Elle a appris à conduire le bateau et à prendre des photos. Elle a même développé un système pour catégoriser les petits rorquals à partir des entailles de leur nageoire dorsale. Assistante de Ned Lynas, elle a repris les rênes de l’organisme en 2002, à la mort de celui-ci. Depuis 1997, elle est aussi la directrice de la fondation suisse.
Ses journées, elle les consacre aux baleines, particulièrement les petits rorquals qui la fascine, car « au moment même où on croit les connaître, leurs comportements changent et évoluent ». L’été, elle prend le large, encadre les stagiaires-étudiants, prend des données scientifiques et des photos et partage ses connaissances avec le public, les opérateurs de bateaux d’excursion et les autres équipes de recherche qui travaillent dans son secteur. Ses études portent notamment sur l’habitat, les comportements d’alimentation et respiratoires, la détermination du sexe et les effets des activités humaines sur les petits rorquals; des données essentielles pour en découvrir plus sur cette baleine fréquente mais encore peu connue sous certains aspects. L’hiver, elle part en Suisse, voir sa famille et ses amis, et travaille aussi pour faire connaître ORES, sa mission, et les petits rorquals du Saint-Laurent lors de conférences dans les écoles.
En 2012, elle a entrepris une maitrise sur l’alimentation des petits rorquals du Saint-Laurent à l’Université de St. Andrews en Nouvelle-Écosse… Une nouvelle action pour aller au bout de son rêve d’enfant!