Un détective pour la santé des bélugas

Le professeur Michel Fournier a un bagage académique peu commun pour un chercheur de baleine : il a complété un baccalauréat en biologie moléculaire à l’Université du Québec à Montréal en 1976, une maîtrise en micro-immunologie à l’Université de Montréal et à l’Institut Armand-Frappier quelque deux ans plus tard, et un doctorat en médecine expérimentale à l’Université McGill et à l’Institut Armand-Frappier. De 1980 à 1998, Michel Fournier a été professeur au Département des sciences biologiques de l’Université du Québec à Montréal en immunotoxicologie de l’environnement et il a participé à la création du laboratoire de recherche en toxicologie de l’environnement (TOXEN). Depuis 1998, il est professeur à l’INRS-Institut Armand-Frappier, où il est titulaire de la Chaire de recherche du Canada en immunotechnologie. On dit de Michel Fournier qu’il est reconnu sur la scène scientifique nationale et internationale; il a été le responsable canadien du Groupe de travail pour la santé environnementale (Canada et États-Unis) de la Commission mixte internationale. Il dirige le Centre Interinstitutionnel de Recherche en Écotoxicologie du Québec qui regroupe un peu plus de 100 chercheurs et gestionnaires en provenance de plus de 30 institutions universitaires et gouvernementales différentes.

Michel Fournier s’intéresse essentiellement aux effets de différentes substances sur le système immunitaire. Par exemple, il a élaboré un projet dans le but d’étudier l’impact des pesticides sur le système immunitaire et les mécanismes de résistance d’un animal. Il s’intéresse aussi à d’autres substances comme les insecticides, les herbicides et les métaux lourds.

Les programmes de recherche à long terme sur le béluga du Saint-Laurent nous ont appris qu’ils étaient fortement contaminés et victimes de nombreuses maladies et cancers. Selon Michel Fournier, il est très plausible que ces animaux présentent des atteintes graves à leurs compétences immunitaires, les rendant ainsi plus susceptibles aux infections et cancers. Ils représentent donc un excellent modèle pour faire le lien de cause à effet entre l’exposition à la pollution, l’atteinte à la compétence immunitaire et la susceptibilité accrue aux infections et cancer. Ce modèle permettrait aussi de faire des relations entre des atteintes au niveau individuelle et des conséquences sur la survie d’une population.

Le caractère unique de cette population animale justifie en soi les efforts de recherche sur celle-ci et les besoins de données pour en assurer la survie.