Journaliste et militante au service de bélugas
Leone Pippard a vu sa première baleine en 1973. Avec une amie photographe, la journaliste-pigiste de Toronto, alors âgée de 26 ans, était venue au Québec couvrir les travaux qu’un groupe de chercheurs devait effectuer sur les mammifères marins. Toutefois, à la dernière minute, faute de soutien financier, les chercheurs décommandent l’opération. «Nous nous sommes retrouvées à Montréal avec tout notre équipement et rien à couvrir. Nous avons alors décidé de mener nos propres recherches.»
Dans les années 1970, on ne connaissait à peu près rien des bélugas du Saint-Laurent. Avec sa collègue, Mme Pippard fut celle qui a déclenché l’alarme. Après un premier été passé à observer ces baleines blanches, elles étaient revenues inquiètes et indignées. Alors, une année après l’autre, elles sont retournées à Tadoussac. Puis Mme Pippard a continé seule ce qui était devenu un engagement de tous les instants. Pour se rapprocher de sa cause, elle a déménagé au Québec et appris le français.
Ses efforts ont porté fruits. Un programme de récupération des carcasses de bélugas a vu le jour en 1982; un plan d’action par les deux palliers de gouvernement s’est attaqué aux problèmes de pollution chimique; un plan de rétablissement des bélugas a été mis sur pied; et la première aire marine protégée au Québec se retrouve en plein cœur de l’habitat des bélugas du Saint-Laurent : le parc marin du Saguenay–Saint-Laurent. Depuis, elle a créée son cabinet de consultation en développement durable, au Nouveau-Brunswick. Maintes fois récompensée, Leone Pippard a su se démarquer malgré son absence de cursus scientifique. «Bien sûr, on ne sait pas si on sauvera les animaux», dit-elle. «Mais l’important à ce stade-ci, ce sont tous ces gens prêts à se battre pour les sauver.»