Éclaircir le mystère de la reproduction

Originaire de Toronto, Dara Orbach aura suivi une route sinueuse pour se rendre jusqu’aux mammifères marins. Elle débute ses études avec deux baccalauréats, en études religieuses comparatives et en biologie animale, pour ensuite décider de poursuivre sa carrière près de l’océan. Le son des vagues, l’odeur iodée et le style de vie en sandales l’attirent et la poussent à chercher une maitrise sur les mammifères marins.

Le domaine étant très compétitif, Dara Orbach fait le choix stratégique d’étudier l’écholocalisation chez les chauvesouris dans le cadre de sa maitrise. La passionnée de l’océan espère que ces connaissances pourront ensuite s’appliquer aux mammifères marins. Une fois son diplôme en poche, elle part à la recherche d’un doctorat. Afin de dégoter le projet de recherche de ses rêves, la future chercheuse se rend, en 2009, à la Biennale de la Société de mammalogie marine à Québec. Elle n’y connait personne, mais est bien décidée à repartir avec un projet de doctorat sur les cétacés.

Une conférence marquante

Là, elle assiste à une communication sur la reproduction chez les dauphins qui capte son intérêt. Tout est encore à découvrir à ce sujet et, aimant sortir des sentiers battus, Dara Orbach se met à réfléchir aux implications possibles. Elle débute alors ses recherches sur la reproduction et l’anatomie des organes génitaux des mammifères marins pour s’apercevoir que c’est bien plus compliqué que ça n’y paraît : il y a un monde à découvrir derrière le simple coït!

À l’aide d’organes génitaux récoltés sur des animaux morts de cause naturelle, Dara Orbach développe des moules en silicones des organes génitaux et les passe ensuite au CT-scan (méthode de tomodensitométrie) pour obtenir une image en trois dimensions. Elle découvre alors une grande variété interspécifique et une coévolution entre le pénis et les vagins des mammifères marins.

La chercheuse note qu’on connait souvent bien mieux l’anatomie du système reproducteur des mâles que celle des femelles. Par exemple, chez les insectes, les appareils reproducteurs mâles sont si variés qu’ils peuvent suffire à distinguer une espèce d’une autre. Cependant, Dara Orbach a démontré qu’il existe une grande variété et diversité d’organes génitaux chez les femelles cétacés malgré qu’ils soient moins visibles que ceux de leurs congénères masculins. Elle vise maintenant à inventorier et caractériser les organes génitaux de toutes les espèces de mammifères marins, peu importe leur genre!

De la reproduction à la conservation

De telles connaissances sur les organes génitaux des mammifères marins peuvent se révéler d’une grande aide pour les initiatives de conservation.  Comme le souligne la chercheuse : « Mieux comprendre les tenants et aboutissants de la reproduction est essentiel pour maximiser le taux de succès de nos efforts pour protéger et préserver les mammifères marins. »