Que se cache-t-il sous la peau des baleines, dans leurs nageoires pectorales? Baignant dans du tissu fibreux, rigide et résistant se trouvent des vestiges de doigts. Le nombre de ces structures osseuses varie d’une espèce à l’autre. Les baleines à dents ainsi que la baleine franche en ont cinq alors que les rorquals n’en possèdent que quatre. Ceci se reflète dans la forme des nageoires. Les baleines à cinq doigts ont des nageoires larges et courtes, contrairement aux cétacés à quatre doigts qui sont munis de pectorales longues et fines.
Vestiges du passé
Les os plus ou moins longs des doigts dans la nageoire sont des os vestigiaux. Ces appendices sont des traces de l’évolution de leurs ancêtres qui ont au fil du temps perdu leur fonction première. Les baleines ont pour ancêtre l’indohyus, un ancien artiodactyle, c’est-à-dire un mammifère terrestre quadrupède, ongulé et à doigts pairs, très bien adapté pour la course. Il aurait vécu il y a environ 50 millions d’années. Cette créature vivait initialement sur la terre ferme, mais a très probablement chassé et s’est cachée dans l’eau sur une longue période, jusqu’à ce qu’elle devienne totalement aquatique.
Les nageoires sont donc un peu comme des mains modifiées qui ont perdu leur capacité de locomotion terrestre. Elles ont maintenant comme fonction de stabiliser, de gouverner et de diminuer la vitesse de la baleine en milieu aquatique. Les nageoires peuvent aussi être utilisées pour communiquer, comme lorsqu’une baleine tape l’eau avec sa pectorale. Chez la baleine à bosse, ces dernières représentent environ le tiers de la longueur de son corps! Elle les utilise comme des bras pour rapatrier ses proies et les empêcher de s’enfuir lorsqu’elle fonce dans des bancs de poissons. Elles lui permettent aussi d’exécuter des virages serrés et des acrobaties de tout genre pour lesquelles les baleines à bosse sont reconnues. Elle a aussi des tubercules le long de ses nageoires pectorales et sur le rostre – museau – qui la rendent plus hydrodynamique. Chaque tubercule contient un follicule pileux de la taille d’une balle de golf. Seules les baleines à bosse en possèdent.
Il en va de même pour les os du bassin qui sont maintenant deux os flottants servant d’armature aux organes génitaux chez le mâle et de point d’attache pour les muscles rétracteurs du pénis. Dans le passé, ces os étaient, comme chez les humains, des points d’attache pour les membres postérieurs. Des pattes arrière qu’ils ont aujourd’hui perdues pour faire place à une queue puissante pouvant les propulser dans l’eau. Pour que ces grands mammifères s’adaptent à la vie dans l’eau, leur squelette a dû subir de nombreuses modifications. Il est maintenant plus simple et léger comparativement aux animaux terrestres, puisqu’il n’a plus à supporter la masse du corps dans l’eau.
De telles découvertes sont fondamentales pour mieux cerner les origines mystérieuses et l’évolution complexe des mammifères aquatiques!