Parce que les observations de ces baleines en voie de disparition sont beaucoup moins nombreuses dans les sites traditionnels, les scientifiques adoptent ce moyen de repérage pour localiser leurs nouvelles aires de distribution. Ceci afin de continuer à les entourer de mesures de protection, partout où elles se trouveront.

Une équipe de chercheurs canadiens et états-uniens déploient actuellement de petits véhicules sous-marins autonomes en forme de torpille dans les eaux du plateau néo-écossais pour découvrir quels habitats les baleines noires de l’Atlantique Nord fréquentent quand on ne les trouve pas dans leurs aires habituelles. Ces scientifiques sont rattachés à l’université Dalhousie, à celle de Victoria, au New England Aquarium et au Woods Hole Oceanographic Institute. Le projet a été financé par le Marine Environmental Observation Prediction and Response Network.

Pour les suivre et mieux les protéger

Les baleines noires de l’Atlantique Nord (Eubalanea glacialis), appelées communément baleines franches, sont connues pour passer l’été dans la baie de Fundy avec leurs nouveau-nés après avoir effectué une longue migration à partir de leurs aires d’alimention hivernales en Floride et en Géorgie. Elles se rassemblent également dans le bassin Roseway, au large de la côte sud de la Nouvelle-Écosse. Les scientifiques voient moins de baleines noires que d’habitude dans leurs habitats traditionnels. C’est d’ailleurs l’an dernier qu’ils ont vu le plus petit nombre de baleines noires dans la baie de Fundy. Ils émettent l’hypothèse qu’elles se regroupent dans des endroits qu’ils ne connaissent pas.

Savoir où se trouvent ces baleines noires permettra d’augmenter ou d’instaurer de nouvelles mesures de protection pour cette espèce en voie de disparition, notamment en ce qui concerne le détournement des voies maritimes et les moyens mis en œuvre pour prévenir les bateaux de la présence des baleines noires sur leur trajectoire et leur permettre de se détourner. Ces baleines à fanons, d’une soixantaine de tonnes, passent beaucoup de temps en surface, se déplacent lentement et sont peu réactives au passage des bateaux. La collision avec les navires est la première cause de leurs mortalités, avant celle due aux empêtrements accidentels avec des engins de pêche.

Ces petits sous-marins autonomes, d’une longueur d’environ 1,5 m, sont équipés d’appareils acoustiques et d’un échosondeur à haute fréquence. Ils font surface toutes les six à huit minutes pour transmettre aux chercheurs les données qu’ils ont enregistrées. C’est donc sur le terrain et en temps réel que les scientifiques peuvent détecter les émissions sonores propres aux baleines noires. Ils poursuivent leur travail habituel de photo-identification, de prélèvements de peau, de souffle et de fèces, ainsi que le suivi acoustique des mères et de leur nouveau-né qui vivent en paire.

Poursuivre les efforts

Le nombre de baleines noires s’approche aujourd’hui de 500 individus. Cette population se remet lentement de la chasse intensive qui l’a menée au bord de l’extinction. À la fin des années 1990, on estimait qu’il n’en restait que 300. Depuis 2001, 22 nouveau-nés ont été observés en moyenne chaque année, ce qui double la moyenne annuelle des années 1980 et 1990. Les changements dans le tracé des voies maritimes au Canada et sur la côte est des États-Unis ont contribué à réduire le nombre de mortalités de baleines noires. Pour les scientifiques, cette augmentation de la population s’inscrit dans la perspective d’un éventuel rétablissement – qui sera très long, et les efforts de conservation doivent être maintenus.

Les sous-marins autonomes seront également déployés dans le bassin Roseway en septembre. S’il le projet est couronné de succès, il sera mis en œuvre sur la côte ouest dans quelques années.

Sources

Sur le site de Radio-Canada:

Des observateurs sous-marins pour étudier la baleine franche

Sur le site de CBC News (en anglais seulement):

Endangered right whales to be tracked using autonomous gliders

Sur le site de Leader Post (en anglais seulement):

Unmanned gliders may solve mystery about right whales

En savoir plus

Sur le site de Right Whale Research Blog (en anglais seulement):

Carnets de terrain du mois d’août

Sur le site de Canadian Wildlife Federation (en anglais seulement):

Which Way Did They Go? (article payant)

Sur le site de Baleinenoire.ca:

La baleine noire

Sur le site de Baleines en direct:

La baleine noire (fiche signalétique)

La baleine noire (archives des Actualités d’ici et d’ailleurs et des Nouvelles du large)

Actualité - 15/8/2014

Christine Gilliet

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