Par Maude-Émilie Bourque

Comme assistante de recherche bénévole au programme des grands rorquals du Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins, j’ai la chance de participer à plusieurs croisières d’observation des baleines pour documenter les animaux observés et par le fait même, en apprendre un maximum sur ces géants. Je vous présente ici mon premier carnet de terrain.

10 juillet 2019 à bord de l’Aventure 9, nous sommes à la recherche de trois rorquals à bosse que nous avons pu suivre pendant les deux premières croisières de la journée. Nous avons eu de la chance jusqu’ici, mais elle semble maintenant nous abandonner. Nos jubartes se font moins prévisibles et l’approche est difficile. Après quelques observations des individus H887 et H857 (le petit de Bad Chemistry né en 2017), nous observons des souffles de rorquals communs au loin. Il est temps de changer de secteur pour aller voir ces nouveaux venus. En chemin, nous apercevons une baleine de la taille d’un petit rorqual, mais dont la forme de la nageoire dorsale se rapproche plus de celle d’un rorqual commun. Serait-ce le veau de Zipper?

J’avais eu la chance de le croiser pour la première fois le 26 juin dernier. Nous avions entendu dire que Zipper était arrivée en début de saison avec un petit et je n’avais pas eu la chance de voir cette baleine à la cicatrice si caractéristique (située sur son flanc droit) et connue de tous dans les environs.

Ce 26 juin, quand j’avais pris en photo les flancs gauches d’un «petit» rorqual commun et de l’adulte qui restait à proximité, je n’avais aucune idée que la mère n’était nulle autre que notre vedette. Il aura fallu attendre d’être de retour au bureau du GREMM, d’avoir transféré les clichés et cherché dans le catalogue de nos grands rorquals pour que la découverte se confirme. C’est grâce à plusieurs cicatrices visibles sur le pédoncule du rorqual adulte que je peux confirmer que j’ai enfin vu la belle balafrée et du même coup photographié son nouveau baleineau.

Revenons à notre sortie du 10 juillet, le veau a pris du poids et de la longueur. Il n’a pas de marques caractéristiques et ne semble pas en compagnie de nos deux communs aperçus plus tôt. Après une petite recherche dans la littérature scientifique, j’apprends que les veaux rorquals communs sont sevrés vers les 6 à 7 mois de leur vie et le lien mère-petit est par la suite dissout. Sommes-nous en présence d’un petit déjà sevré? Comment faire pour connaitre son identité? Au bout d’environ cinq minutes, j’obtiens ma réponse. Je capture quelques images d’un adulte du groupe qui se trouvait dans le même secteur que le veau. Après avoir agrandi la photo sur ma caméra, je reconnais les marques du pédoncule de Zipper.

Il s’agit bien de son petit qui semble faire ses premières tentatives de chasse apprise par mimétisme. Les premiers signes d’une vie d’indépendance commencent à se faire sentir et avec eux me vient l’espoir de pouvoir prendre des photos qui nous permettront de l’identifier dans le futur et de suivre sa progression.

Carnet de terrain - 11/7/2019

Collaboration Spéciale

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