Par Stéphanie Houde
Mon nom est Stéphanie, assistante de recherche à l’été 2021 pour le Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM). Après mes études en Techniques d’inventaire et de recherche en biologie en 1999, j’ai eu le privilège d’être choisie pour être photographe de grands rorquals, et je suis de retour cette année. C’était le début d’une grande passion pour les baleines et la photographie!
Aujourd’hui, je vous amène avec moi pour une journée de travail avec les baleines. On est le 23 juillet 2021. Après avoir préparé mon matériel (appareil photo, GPS, dictaphone, vêtements chauds), je décide d’embarquer à 16h30 sur une croisière en zodiac. L’eau est calme, le beau soleil est au rendez-vous, ça sera une super sortie!
On est au cap de Granite, entre Tadoussac et Grandes-Bergeronnes, près de la côte. On commence notre première rencontre avec deux rorquals à bosse. Un peu plus loin, il y en a deux autres ensemble et un autre seul encore plus loin. Il y a aussi plusieurs phoques, des petits rorquals et des rorquals communs au loin que l’on voit avec leurs grands souffles. Ça commence très bien!
On attend le retour de nos baleines à bosse, car elles ont plongé pour aller s’alimenter. Et là, elles refont surface: un souffle, deux, trois, quatre, cinq! Wow! Les cinq rorquals à bosses se sont regroupés! Je n’ai jamais vu ça, quel beau spectacle! Et d’entendre la force de leur souffle, incroyable! Il faut que je me calme, car je dois me concentrer pour faire de belles photos et régler mon appareil selon la luminosité. Je dois prendre les photos au bon moment lorsqu’elles plongent, car c’est avec le patron de coloration sous leur nageoire caudale que l’on peut les identifier. Comme des taches de naissance, les dessins noir et blanc sont propres à chaque individu.
Elles replongent pour environ 10 minutes. Pendant ce temps, je détaille mes photos au dictaphone pour faciliter l’analyse des données pour le laboratoire. En attendant, on commence à voir dans le ciel un gros nuage gris du côté nord-est, le vent et les vagues commencent à augmenter tout doucement. Le capitaine nous annonce alors qu’on va quitter bientôt le site d’observation.
Soudainement, deux souffles! Deux nouveaux rorquals à bosse viennent de faire surface près du bateau. La naturaliste nous annonce que ça sera la dernière observation. J’espère qu’elles plongeront pour nous montrer leur caudale, mais la pluie tombe un peu plus. J’attends patiemment avec ma caméra que j’ai entourée d’un foulard pour l’épargner de la pluie. Et là, le beau cadeau, elles plongent! Je réussis à prendre de belles photos malgré le temps gris et la pluie.
Vite, vite, je range ma caméra dans sa valise étanche. Je mets ma tuque, mon capuchon et on part! L’eau des vagues remonte dans le bateau et nous arrose, la pluie s’intensifie donc on est mouillés en entier. On revient détrempés et gelés, mais avec un grand sourire et le cœur rempli de joie d’avoir vu sept rorquals!
Je rentre au bureau, je transfère mes données de GPS, dictaphone et les photos sur l’ordinateur. Je prends le temps de revoir mes photos, d’ajuster la luminosité pour faciliter l’identification des individus, afin de savoir si ce sont de nouveaux individus ou s’ils sont déjà connus. Quand je revois Zipper, un individu que j’ai vu il y a 20 ans, je suis vraiment fière d’avoir pu la photographier et de voir qu’elle va bien. Après une journée mouvementée et d’émerveillement, c’est un moment de repos pour apprécier cette belle journée. J’adore mon travail!