Aujourd’hui, nous laissons la parole à Jaclyn Aubin qui nous donne des nouvelles de son projet de maitrise.

Un premier indice sur les soins allomaternels à la BSM!

La Baie-Ste-Marguerite regorge de bélugas durant la semaine du 24 juillet: selon la journée, nous observons entre 30 et 60 individus. Par contre, les conditions demeurent difficiles pour le drone. Le vent, éternel ennemi des aéronefs téléguidés, souffle très fort de l’ouest, et ce, sans relâche depuis quelques jours, empêchant un décollage sécuritaire. En attendant une accalmie, je photographie les animaux en espérant pouvoir les identifier grâce à notre grand catalogue de photo-identification des bélugas. Et je me croise les doigts pour une accalmie éolienne.

Enfin, le 30 juillet, ma patience est récompensée. Les rafales des dernières journées sont remplacées par une brise légère, et une cinquantaine de blancs, de gris, de bleuvets et de veaux folâtrent sous un ciel d’azur! Nous lançons le drone immédiatement. Cette journée-là, j’ai eu la chance de faire six vols, pour un total de presque deux heures de tournage. J’ai filmé plusieurs comportements intéressants, dont deux incidents qui pourraient montrer une allomère avec un veau.

Le veau en question a été observé pour la première fois accompagné d’une femelle adulte de petite taille, au sein d’un groupe d’une dizaine de bélugas. Les animaux se déplaçaient tranquillement à la surface et donc étaient très faciles à suivre. Tout à coup, sous mes yeux, le veau s’éloigne de la première femelle, et se rapproche d’une deuxième, celle-ci un peu plus grande! Le veau est resté collé contre cette femelle pendant quelques minutes, avant qu’ils ne plongent tous deux et que je les perde de vue. Un peu plus tard, je revois un groupe avec un veau, mais impossible de dire s’il s’agit du même. Cette fois-ci, le veau est supporté à la surface entre les deux adultes. Vu la taille respective de ces deux femelles, je soupçonne que ce sont les mêmes que vues plus tôt, mais sans traits identifiants ou cicatrices, impossible de le confirmer. C’est aussi impossible de dire laquelle de ces deux femelles est la mère du veau, mais le fait qu’elles ont toutes les deux accompagné le petit suggère qu’une des deux pourrait agir comme allomère, ou gardienne.

Bien sûr, ces deux observations ne nous permettent pas de confirmer que les bélugas sont en général des mamans coopératives, mais nous semblons être sur la bonne voie! Avec encore quelques centaines d’heures de suivi, et beaucoup d’analyses statistiques, nous serons en mesure de mieux comprendre et de décrire le soin des jeunes bélugas du Saint-Laurent!

Et pendant ce temps, le Bleuvet est aussi sorti et a permis de reconnaitre des bélugas connus de l’équipe en mer.

Préidentifications de la semaine

Dl9051
Dl9010
Dl0109 Corsaire (une femelle née avant 1974, biopsiée en 1998, dernière observation en 2014)
Dl0483 (revu pour la première fois depuis 2002!)
Dl9031 Dorothy
Dl1328
Dl2505 Delphi
Dl0030 Athéna
Dl1757 Blanche
Dl0169 Blanchon
Dl0079 Céline
Dl1007
Dl0003 Pascolio

La liste complète des bélugas identifiés nécessite un travail d’appariement minutieux qui sera poursuivi après la saison de terrain.

Carnet de terrain - 4/8/2017

Équipe du GREMM

Dirigée par Robert Michaud, directeur scientifique, l’équipe de recherche du Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM) étudie en mer les bélugas du Saint-Laurent et les grands rorquals (rorqual à bosse, rorqual bleu et rorqual commun). Le Bleuvet et le BpJAM quittent chaque matin le port de Tadoussac pour récolter de précieuses informations sur la vie des baleines de l’estuaire du Saint-Laurent.

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