Le BpJAM sort pour l’une des dernières sorties de l’année sur un Saint-Laurent calme aux couleurs de l’été indien le 9 octobre. C’est une joie de reprendre le large sur le petit pneumatique, après trois semaines intenses de biopsie couplée à de la photogrammétrie pour un projet de recherche en collaboration avec l’Université du Québec à Montréal où toute l’équipe de recherche se trouvait sur le Bleuvet.
Nous commençons cette belle journée d’automne par deux contacts d’une trentaine d’individus chacun. Le terme contact veut dire dans notre jargon le moment où on se met à étudier un troupeau de bélugas, en prenant des données visuelles et en photographiant les animaux. Dans ces deux troupeaux, on rencontre une belle diversité d’adultes et de juvéniles. Mais ce qui marque le plus notre attention est le nombre de veaux: nous avons dénombré un minimum de sept veaux pour l’ensemble de ces deux contacts!
De plus, nous reconnaissons DL9093, DL9065, DL1278 qui nageait avec un veau (mais il faudra répéter plusieurs fois l’observation avec un veau pour confirmer qu’il s’agit du sien) et le béluga que nous surnommons Domino sur le terrain. On le reconnait à ses cicatrices qu’il possède sur l’arrière de son flanc droit faisant penser à une pièce de domino.
Puis, nous enchainons la journée avec un troisième contact. Encore une fois, nous trouvons un beau troupeau de taille moyenne (50 à 60 individus). Mais contrairement aux deux troupeaux précédents, les groupes sont majoritairement composés d’adultes, ce qui nous rappelle un troupeau de mâles.
Après nos deux heures de photo-identification, nous décidons de passer au drone, dans l’intention de recueillir une petite tranche de vie du quotidien de nos petites baleines blanches. Nous nous écartons donc du troupeau pour éviter que notre embarcation interfère avec le comportement des animaux. Pendant que notre petit espion survole un groupe de bélugas à plusieurs centaines de mètres du bateau, un autre groupe d’individus plus jeunes s’approche du pneumatique.
J’observe les crêtes dorsales sans en reconnaitre une : ce sont donc des bélugas pas encore photographiés aujourd’hui. Au milieu des jeunes bélugas, un dos moucheté m’interpelle. J’avertis Tim et il ramène le drone proche de notre embarcation. Le groupe refait surface en marsouinant à quelques centaines de mètres du bateau. Le narval est parmi eux! Par la suite, le groupe devient plus tranquille et se déplace lentement, restant peu de temps en surface. Cependant, il y a beaucoup de vocalisations. Nous surveillons les différents groupes pour découvrir que le narval s’est joint à un nouveau.
Après avoir prélevé quelques vidéos et photos afin de documenter la rencontre, nous décidons de mettre le cap sur Tadoussac, notre port d’attache. En espérant que notre cueillette de données puisse nous en apprendre davantage sur cette association interspécifique qui nous fascine tant.