Un kilomètre à la nage, ça use, ça use
L’automne est bien installé, mais le Saint-Laurent n’a pas terminé de s’animer sous les mouvements des nageoires pectorales, caudales ou dorsales de ses habitants marins. Alors que les couleurs continuent d’enflammer les rives, les rorquals, bélugas et phoques poursuivent leurs déplacements. Cette semaine, les observateurs et observatrices en ont eu plein la vue : des souffles près du rocher Percé, des rorquals à bosse qui lèvent la caudale dans la baie de Gaspé et des éclats d’écume de rorquals bleus en alimentation au niveau de Longue-Rive.
Une mer d’observations
Sur la plateforme Navigation Baleines, les collaborateurs et collaboratrices ont signalé la présence de six rorquals communs et de plusieurs petits rorquals près de Sept-Îles, ainsi qu’une vingtaine de rorquals à bosse dans le secteur de Saint-Augustin.
Plus à l’Ouest, du côté de Franquelin et de Baie-Comeau, un résident aperçoit les souffles de rorquals communs au large. Du côté des Bergeronnes, l’équipe du Mériscope a recensé plusieurs petits rorquals. Elle ajoute même un nouvel individu à son catalogue alors qu’un autre bien connu a été observé. Près d’Essipit, deux phoques communs se chauffaient sur les rochers, au grand plaisir d’une visiteuse en vacances dans la région qui a pu les admirer de loin.
En Gaspésie, une randonneuse s’aventure dans le parc Forillon et a la chance de voir deux rorquals à bosse lever la caudale dans la baie de Gaspé, puis deux petits rorquals sur le chemin du retour. Mais il ne faudrait pas oublier les phoques communs, toujours fidèles à l’Anse-aux-Cousins. Près de Percé, ce sont trois rorquals communs et un rorqual bleu qu’un navigateur peut documenter, de même qu’un phoque gris ayant été attaqué par un requin blanc.
Des géants côte à côte
Certaines journées d’observation restent gravées longtemps dans la mémoire. Pour un naturaliste, le 4 octobre dernier fera certainement partie du lot. : « Nous avons eu la chance d’observer un nouveau rorqual à bosse pour la saison 2025. Le GREMM nous a confirmé son identité et il s’agit de H734. Une baleine qui n’avait pas été vue depuis 2008 dans la région. » Ce n’est pas tout, puisque cette baleine se trouvait parmi les géants, « au beau milieu d’une frénésie alimentaire où rorquals bleus, communs et à bosse mangeaient en surface de l’eau. Plus incroyables encore, nous avons retrouvé Phoenix le rorqual bleu durant cette journée. » Au final, il estime avoir vu cinq rorquals bleus dans sa journée!
Ce type de scène spectaculaire est aussi un rappel de la puissance et de la coordination que demande la nage chez les cétacés. Chaque espèce adapte sa propulsion à ses besoins!
Entre deux marées, la vie continue dans le fjord
Le 7 octobre, l’équipe de recherche du GREMM est sortie une dernière fois à bord de l’Antarès. Le vent trop fort au large a limité les déplacements, mais dans le Saguenay, la magie a opéré :« En octobre les bélugas sont de moins en moins dans le Saguenay alors on se demandait même si on allait en voir… Malgré tout on a fait 2 contacts, le premier à l’embouchure et le dernier près de L’Anse-de-Roche avec un troupeau de 10 à 15 bélugas! Quand on les a quittés, ils se dirigeaient vers la Baie-Sainte-Marguerite avec les moteurs de caudale bien activés. Vroom! Vroom! » Pour naviguer entre les courants du Saguenay, les bélugas alternent entre propulsions et se laisser porter par le courant.
Deux jours plus tôt, une autre observatrice notait plusieurs petits groupes de bélugas au niveau de L’Anse-de-Roches, certains remontant vers l’estuaire, d’autres faisant le chemin inverse. Sur la plage, du krill échoué témoignait du bouillonnement de vie sous la surface.
Ces allers-retours constants rappellent que, pour les cétacés, nager n’est pas qu’un moyen de déplacement : c’est une nécessité vitale. Un rorqual bleu peut parcourir une centaine de kilomètres et plus par jour, les rorquals communs atteignent des vitesses de pointe de 40 km/h, tandis qu’un béluga peut plonger à de nombreuses reprises pour chercher de la nourriture. Il ne faut cependant pas oublier que chacun de ces battements de nageoire s’effectue dans un environnement complexe, où les pressions humaines se multiplient. À nous de les limiter!
Où sont les baleines cette semaine? La carte des observations
Ces données ont été rapportées par notre réseau d’observatrices et observateurs. Elles donnent une idée de la présence des baleines et ne représentent pas du tout la répartition réelle des baleines dans le Saint-Laurent. À utiliser pour le plaisir!
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Merci aux collaborateurs et collaboratrices!
Merci aux observateurs et observatrices qui partagent avec nous leur amour pour les mammifères marins! Vos rencontres avec les cétacés et les pinnipèdes sont toujours un plaisir à lire et à découvrir.
Ce sont vos yeux, sur l’eau ou depuis la berge, qui permettent à cette rubrique de voir le jour.
- Marie-Andrée Charlebois
- Laeticia Desbordes
- Hélène Guitton
- Audrey Leblanc
- Pascal Pitre
- Renaud Pintiaux
- Diane Ostiguy
- René Roy
- Guillaume Savard
- Guy Synnott
Et à tous les autres!
Merci aussi aux équipes qui partagent leurs observations :
Centre d’éducation et de recherche de Sept-Iles (CERSI)
Station de recherche des Îles Mingan (MICS)
Réseau d’observation des mammifères marins (ROMM)
Réseau québécois d’urgence pour les mammifères marins (RQUMM)
Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM)
Mériscope
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Andréanne Forest
Andréanne Forest est rédactrice en chef de Baleines en direct depuis mai 2022. Après des études en environnement et en biologie, elle se tourne vers la communication scientifique dans l’objectif de rendre la science à la fois accessible et amusante. Andréanne souhaite mettre en lumière la démarche d’acquisition de connaissance tout en transmettant le désir d’apprendre.
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