Les vacances au pays des baleines
ll y a quelque chose de romantique et de reposant dans le bord de mer, c’est peut-être pourquoi les vacanciers et vacancières envahissent les côtes lors de leurs congés estivaux! Lorsqu’on se tient sur le rivage, on ne sait jamais d’avance les observations marines qui s’offriront à nous : un souffle de grand rorqual qui surgit alors qu’on ne s’y attendait plus, un éclaboussant breach de petit rorqual, une dorsale de marsouin reflétant les couleurs du soleil couchant, ou peut-être profiterons-nous simplement d’un moment paisible en pleine nature pour admirer les flots.
Qu’on se trouve sur un des sites d’observation de la route des baleines sur la Côte-Nord, qu’on s’aventure le long du fjord du Saguenay ou qu’on s’oriente vers le Bas-Saint-Laurent ou la Gaspésie, les mammifères marins sont des incontournables!
Gaspésie
Lors de sorties sur l’eau les 18 et 19 juillet entre la pointe gaspésienne de Rivière-aux-Renard à L’Anse-à-Beaufils, un cétologue amateur recense la présence du rorqual à bosse surnommé Splinter. Dans la baie de Gaspé, on observe un rorqual commun et un rorqual bleu dans les derniers jours, tandis que les petits rorquals et les marsouins sont toujours bien présents. « Les phoques gris sont de plus en plus nombreux, explique une naturaliste, jusqu’à près de 200 au Cap Gaspé, tandis que les jeunes phoques gris grandissent à vue d’œil. »
Un riverain de La Marte voit pour la première fois des bélugas depuis sa maison alors qu’il y réside depuis 20 ans. Les dos blancs bien distincts de ces baleines circulaient au large. Il a aussi eu l’occasion d’observer une grande baleine. Comme quoi on ne sait jamais à quoi s’attendre!
Surprise à La Malbaie
À Cap-à-l’Aigle, les phoques gris s’épanouissent sous la pluie battante le 20 juillet. À proximité du quai municipal, entre quatre et cinq individus sortent la tête et plongent par alternance, nullement dérangés par la météo qui a fait fuir la plupart des êtres humains. Le lundi 22 juillet, quelques petits rorquals circulent au large, sans compter les bélugas qui sont présents tous les jours.
En fin d’après-midi, un habitué est en pleine discussion lorsqu’il entend un bruit semblable à un souffle près du quai de la marina. Croyant qu’il s’agissait du fruit de son imagination, il continue de parler jusqu’à entendre un deuxième souffle derrière lui. Décidément, il y a bien une baleine! Il observe finalement la caudale typique d’un rorqual à bosse à seulement quelques dizaines de mètres de la rive. La troisième fois était la bonne!
Soirée au bord du fleuve
Au Cap-de-Bon-Désir, une naturaliste a passé une soirée mémorable. Alors que la journée tire à sa fin, le calme s’instaure et le fleuve devient lisse comme un miroir, idéal pour observer tous les mammifères marins qui se pointeront : « Un phoque par-ci par-là, et vers 19h30, on commence à voir des marsouins, deux, trois au début, puis de plus en plus et pendant toute la soirée, peu importe où l’on posait les yeux, ils sortaient! Près d’une centaine a dû passer sous nos yeux, en suivant la marée descendante vers Les Escoumins. On entendait leur petit souffle, et je suis quasiment certaine d’avoir entendu les fameux bruits de cochons qui font leur renommée, c’était comme un gros ronflement. » Effectivement, leur souffle sonore ne peut être entendu que par temps calme. L’étymologie du nom « marsouin » signifie d’ailleurs cochon de mer!
Le marsouin commun est grégaire. Il vit en petits groupes de 2 à 5 individus qui peuvent s’associer en troupeau de quelques dizaines d’individus, voire quelques centaines comme cela semble être le cas lors de cette observation. Ces regroupements sont certainement liés à l’alimentation.
Ce n’était toutefois pas terminé pour cette soirée hors de l’ordinaire, puisqu’un autre comportement rare chez cette espèce a été observé : « On a aussi vu deux marsouins différents breacher. Une première pour moi. L’un d’entre eux l’a même fait à plus de trois reprises. C’était vraiment fabuleux. » Hormis les marsouins, deux petits rorquals étaient en alimentation, quelques phoques communs nageaient, des bélugas suivaient le courant de la marée et les souffles de grands rorquals étaient perceptibles au loin.
En plus de cette diversité déjà présente dans le secteur du parc marin du Saguenay–Saint-Laurent, on signale trois rorquals communs, le rorqual bleu Phoenix, et plusieurs rorquals à bosse, dont Siam, Gaspard et H857. C’est aussi le retour de H944 alias Katana. On retrouve aussi des phoques gris et quelques phoques du Groenland.
Plusieurs petits rorquals ont été observés avec une technique d’alimentation particulière, appelée le lunge-feeding. Pour se faire, les baleines se nourrissent par engouffrement latéral, elles accélèrent rapidement puis ouvrent la bouche, créant ainsi un remous qui leur permet d’engloutir une grande densité de krill ou de petits bancs de poissons.
En remontant la côte
Toujours pas de grands souffles du côté de Franquelin cette semaine, mais les petits rorquals et les marsouins communs sont toujours bien présents. « Plusieurs phoques gris solitaires montent la garde, commente une résidente. Ils profitent des jours de calme et du soleil pour garder la tête hors de l’eau, laissant sécher leur pelage. »
À Pointe-des-Monts, plus d’une trentaine de bélugas surprennent un riverain qui les admire de loin avec son télescope. « On n’est pas habitué à en voir l’été dans le coin! » Deux petits rorquals et un phoque gris circulent aussi dans le secteur. Aux iles Mingan, une photographe animalière capture des clichés de poisson-lune.
Où sont les baleines cette semaine? La carte des observations
Ces données ont été rapportées par notre réseau d’observatrices et observateurs. Elles donnent une idée de la présence des baleines et ne représentent pas du tout la répartition réelle des baleines dans le Saint-Laurent. À utiliser pour le plaisir!
Cliquez sur les icônes de baleine ou de phoque pour découvrir l’espèce, le nombre d’individus, des informations supplémentaires ou des photos de l’observation. Pour agrandir la carte, cliquez sur l’icône du coin supérieur droit. La carte fonctionne bien sur Chrome et Firefox, mais pas aussi bien sur Safari.
Pour faire apparaitre la liste des observations, cliquez sur l’icône du coin supérieur gauche.
Merci aux collaborateurs et collaboratrices!
Merci aux observateurs et observatrices qui partagent avec nous leur amour pour les mammifères marins! Vos rencontres avec les cétacés et les pinnipèdes sont toujours un plaisir à lire et à découvrir.
Ce sont vos yeux, sur l’eau ou depuis la berge, qui permettent à cette rubrique de voir le jour.
Célia Baratier
Odélie Brouillette
Marie-Andrée Charleboix
Michel Comeau
Thalia Cohen-Bacry
Laetitia Desbordes
Pierre-Soleil Dion
Maxime Esther Bouchard
Jade-Audrey Lavergne
Yael Medav
Élizabeth Melis
Camille Némond
Diane Ostiguy
Chloé Pazart
Renaud Pintiaux
Pascal Pitre
Jean Roy
René Roy
Guillaume Savard
Christine Stadelmann
Andréanne Sylvain
Valérie Thériault-Deschênes
Marielle Vanasse
Et à tous les autres!
Merci aussi aux équipes qui partagent leurs observations :
Centre d’éducation et de recherche de Sept-Îles (CERSI)
Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM)
Réseau d’observation des mammifères marins (ROMM)
Réseau québécois d’urgence pour les mammifères marins (RQUMM)
Station de recherche des Îles Mingan (MICS)
Vous souhaitez vous aussi partager vos observations?
Vous avez observé des mammifères marins dans le fleuve Saint-Laurent? Qu’il s’agisse d’un souffle au large ou de quelques phoques, écrivez-nous et envoyez-nous vos photos à [email protected]!
Andréanne Forest
Andréanne Forest est rédactrice en chef de Baleines en direct depuis mai 2022. Après des études en environnement et en biologie, elle se tourne vers la communication scientifique dans l’objectif de rendre la science à la fois accessible et amusante. Andréanne souhaite mettre en lumière la démarche d’acquisition de connaissance tout en transmettant le désir d’apprendre.
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