Par Élizabeth Melis
Pour mon deuxième carnet de terrain, je vais vous parler de la croisière en avant-midi du 28 aout 2019. Nous étions à la hauteur de l’embouchure du Saguenay, en route vers le large, à la recherche des grands rorquals quand nous avons aperçus un groupe d’une dizaine de bélugas, ce qui était agréable à voir, car cela faisait environ une semaine que je n’en avais pas vu. D’habitude, ils sont souvent présents dans ce secteur, alors c’était un bon présage pour ce qui nous attendait au large.
Après environ 15 minutes de navigation dans des conditions presque parfaites — une mer d’huile, un soleil éclatant, pas de vent et une excellente visibilité — j’aperçois au loin de grands souffles, possiblement des rorquals communs. À notre arrivée sur le site d’observation, nous avons cinq ou six petits rorquals qui sont très actifs et me semblent être en alimentation près de la surface étant donné qu’ils font des petits sauts et qu’ils remontent fréquemment pour respirer.
Tout à coup, une symphonie de souffles puissants se fait entendre: c’est un groupe de cinq rorquals communs qui surgit à tribord! Tous les passagers sursautent moi la première. Ils nagent les uns collés contre les autres, puis exécutent quelques manœuvres de chasse à la surface. Certains se retournent partiellement sur eux-mêmes, ce qui nous permet même d’entrevoir une partie de la nageoire caudale d’un des individus. Il faut vite que je me ressaisisse, car ceci est un évènement qui n’est pas souvent documenté. Ainsi, il faut que je prenne plusieurs clichés, de tous les individus si possible. Ils prennent quelques respirations de plus tandis que je les photographie et hop! ils repartent tous en plongée, surement pour continuer à chasser ensemble.
Pendant que notre attention était rivée sur les rorquals communs, d’autres petits rorquals sont apparus, ce qui a entrainé le regroupement de certains individus. Ainsi, il y avait quelques groupes de deux ou trois individus qui nageaient synchronisés: un autre comportement qui n’est pas souvent observé. Puis, comme si ce n’était pas suffisant, un rorqual à bosse ainsi que trois autres rorquals communs ont décidé de profiter du festin qui se trouvait sous la surface, alors je ne savais plus où donner de la tête!
Malheureusement, toute bonne chose a une fin, alors après avoir passé près d’une heure avec ce spectacle devant nos yeux, nous devions retourner au quai. Lors de notre départ, j’avais comptabilisé un total de 8 rorquals communs, 1 rorqual à bosse et une quinzaine de petits rorquals, ce qui a résulté en plus de 150 photos. Même si j’étais déçue de ne plus pouvoir observer ces animaux, j’étais excitée à l’idée de retourner au bureau pour pouvoir analyser les photos et possiblement identifier quelques individus!