Le 29 novembre dernier, le gouvernement Trudeau a donné le feu vert au projet d’agrandissement du réseau Trans Mountain de Kinder Morgan, en Colombie-Britannique. Une demande de révision a été déposée lundi, le 19 décembre, devant la Cour d’appel fédérale à Calgary par les organismes Living Oceans Society et Raincoast Conservation, qui soutiennent que l’Office national de l’énergie a sous-évalué les impacts du projet sur les épaulards résidents du Sud.

Le projet d’agrandissement du réseau Trans Mountain prévoit la construction d’un pipeline le long du réseau de pipelines Trans Mountain existant entre Edmonton et Burnaby, faisant ainsi passer la capacité du pipeline de 300 000 barils à 890 000 barils par jour. Le projet prévoit aussi l’agrandissement du terminal maritime Westridge à Burnaby afin de faire passer de cinq à 34 le nombre de pétroliers qu’il peut recevoir par mois, selon le site Web du gouvernement du Canada.

Une cohabitation entre ces 34 pétroliers par jour et les 80 épaulards vivant au large de Vancouver — qu’on appelle les épaulards résidents du Sud et qui sont en voie de disparition — serait-elle impossible?

Des recherches menées par la Raincoast Conservation Foundation indiquent que cette population d’épaulards serait déjà très stressée par une variété de facteurs. Le bruit des bateaux, notamment, nuirait à la communication entre les épaulards durant la chasse.

David Miller, président et chef de la direction du Fonds mondial pour la nature (WWF-Canada) déclare que « ce projet augmentera le trafic maritime dans la mer des Salish. Cela aura des répercussions pour les 80 épaulards résidents du Sud, puisque l’augmentation de la pollution sonore causée par la navigation maritime empêchera ces épaulards de trouver leur nourriture et de communiquer entre eux. Ainsi, le rétablissement de cette population menacée d’épaulards sera perturbé par l’augmentation de la pollution sonore, ce qui les mènera davantage vers l’extinction ».

L’augmentation du transport de bitume augmente aussi les risques de déversements, ce qui inquiète certains organismes, scientifiques et citoyens. « La réalité, c’est que dès que vous augmentez la circulation de pétroliers dans la région, ça augmente le risque. On a vu ça avec le Nathan E. Stewart à Bella Bella et ici à Vancouver avec le Marathassa, on n’a pas de plan en place pour réagir en cas de déversement. Et la réalité, c’est qu’à partir du moment où il y a un déversement, c’est déjà trop tard », mentionne Christianne Wilhelmson, directrice du Georgia Strait Alliance, en entrevue à Radio-Canada.

Une nouvelle étude publiée en décembre 2016 indique qu’on en sait encore trop peu sur l’impact que le bitume des sables bitumineux peut avoir sur les végétaux et les animaux dans l’océan pour évaluer les risques de son transport dans les environnements marins. Wendy Palen, de l’Université Simon Fraser, à Vancouver, a fait valoir à la Presse Canadienne que compte tenu des « risques importants et non examinés » des produits des sables bitumineux sur les milieux marins, l’approbation de nouveaux projets est « problématique, peut-être même à la limite de l’irresponsabilité ».

Le projet d’agrandissement du réseau Trans Mountain est aussi contesté par plusieurs groupes environnementaux qui considèrent ce projet incompatible avec la lutte contre les changements climatiques. Des changements qui affectent aussi, indirectement, les baleines.

Sources :

Des groupes de préservation de la faune contestent Trans Mountain en cour (Radio-Canada, 20/12/2016)

Trans Mountain : une bombe à retardement le long des côtes? (Radio-Canada, 13/12/2016)

La fin des menaces liées au projet d’oléoduc Northern Gateway favorisera la protection de la faune de la région du Grand Ours (WWF-Canada, 29/11/2016)

Projet d’agrandissement du réseau de Trans Mountain (Gouvernement du Canada, mise à jour 07/12/2016)

Actualité - 21/12/2016

Béatrice Riché

Après plusieurs années à l’étranger, à travailler sur la conservation des ressources naturelles, les espèces en péril et les changements climatiques, Béatrice Riché est de retour sur les rives du Saint-Laurent, qu’elle arpente tous les jours. Rédactrice pour le GREMM de 2016 à 2018, elle écrit des histoires de baleines, inspirée par tout ce qui se passe ici et ailleurs.

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