René Roy est un cétologue amateur, passionné de la mer et des baleines, résidant à Pointe-au-Père, dans le Bas-Saint-Laurent. Depuis plusieurs années, il entreprend des expéditions de photo-identification pour le compte de la Station de recherche des îles Mingan (MICS), principalement en Gaspésie. Il est également bénévole pour le Réseau québécois d’urgences pour les mammifères marins.
Le rorqual à bosse, possiblement inconnu, photographié par Renaud Pintiaux à l’entrée du Saguenay la semaine passée m’a inspiré une anecdote relative à l’identification d’un nouvel individu. Il faut être prudent pour identifier une baleine lorsque nous ne sommes pas des spécialistes puisque son «portrait» peut avoir subi des modifications plus ou moins importantes au cours des années.
En juillet 2009, dans la baie de Gaspé, j’ai eu la chance d’observer le rorqual à bosse Manta avec son petit. Il était alors assez facile de photographier la face ventrale de la queue de Manta puisqu’elle sortait la queue à toutes ses plongées. C’était toutefois différent avec le baleineau. En effet, les juvéniles et les jeunes baleineaux n’ont pratiquement pas besoin de sortir la queue, car étant petits, il est plus facile pour eux de basculer pour plonger. J’avais tout de même réussi, après deux jours de suivi, à photographier les traits de la queue du baleineau alors qu’il frappait la surface de l’eau avec sa queue. J’ai été chanceux, les photos de la queue et de la nageoire dorsale de ce jeunot étaient relativement bonnes.
Exactement deux ans plus tard, au large du cap des Rosiers, je photographiais un individu qui m’apparaissait, à première vue, tout à fait nouveau. Je suis toujours bien fier lorsque j’ai la chance d’ajouter un nouvel individu à ma collection et au catalogue du MICS.
Quelle ne fut pas ma surprise lorsque le chercheur et spécialiste des rorquals à bosse, Christian Ramp, du MICS me confirma qu’il s’agissait de H744, le baleineau de Manta, soit le même que j’avais photographié en 2009.
Comme vous pouvez le constater avec ces photos de juillet 2011 (voir ci-bas), plusieurs nouvelles marques pouvaient facilement laisser croire qu’il s’agissait d’une baleine différente du petit de Manta de 2009. Comme quoi, ces spécialistes peuvent vous frustrer un amateur en un coup d’oeil! Les marques visibles sur la photo prises en 2011 ont possiblement été causées par le harcèlement d’un épaulard, lors de sa migration annuelle.
En 2012, je revoyais cet animal avec grand plaisir. Il semble donc être un habitué du secteur depuis sa tendre enfance. Ces rorquals à bosse sont très spectaculaires et attachants. Ils sont, eux aussi, de magnifiques animaux.