Les cachalots d’un clan partagent les mêmes patrons de vocalises pour communiquer, se reconnaître et établir leurs liens sociaux. Mais une femelle et son nouveau-né utilisent un patron différent, probablement pour se reconnaître à l’intérieur du clan. Des chercheurs ont mis en évidence ces patrons de communication appelés codas grâce à un long suivi d’un clan. Ces chercheurs des universités Dalhousie en Nouvelle-Écosse et de St. Andrews en Grande-Bretagne viennent de publier leur rapport (Individual vocal production in a sperm whale social unit) dans le journal Marine Mammal Science en janvier 2011.

Des clics de type sonar et des clics pour communiquer

Ils ont basé leurs hypothèses sur le suivi d’un clan de sept cachalots (cinq adultes femelles, un juvénile mâle et un nouveau-né mâle) au large de la République dominicaine pendant 41 jours, en début d’année 2005. Les individus de ce clan ont été préalablement identifiés par la photo-identification et l’analyse génétique de prélèvements de peau a permis de connaître leur sexe. Ainsi, les enregistrements de leurs vocalises ont pu leur être attribués individuellement. Les cachalots sont plutôt des nomades sillonnant les océans et un tel rassemblement dans un si petit secteur est vraiment inhabituel, ce qui a permis aux chercheurs de réaliser un tel suivi.

Les chercheurs font la différence entre les patrons de clics émis pour l’écholocation (pour repérer leur environnement et leurs proies) et ceux émis pour communiquer qu’ils appellent codas. Une quinzaine d’enregistrements de 318 codas ont été effectués pendant les périodes de repos en surface ou en plongée. Les codas se différencient de l’écholocation par leurs intervalles entre les clics et en présence visuelle de groupes de cachalots nageant de manière synchronisée ou d’une paire mère/nouveau-né.

Une communication spécifique entre mère et nouveau-né

Les femelles ont produit 89 % des codas et communiquent donc bien plus que les plus jeunes. Parmi les 16 types de codas repérés, deux représentent 50 % des enregistrements. Ni la mère, ni le nouveau-né n’ont produit l’un des deux types dominants, mais ils ont émis un patron sonore différent. Selon les chercheurs, cette femelle s’identifie probablement pour que son nouveau-né puisse la retrouver, un lien très important pendant la lactation.

Les cachalots plongent à plus de 800 mètres, mais pendant les deux premières années de leur vie, ils ne peuvent atteindre de telles profondeurs. Le nouveau-né ou le jeune reste proche des femelles du clan pendant que sa mère part dans les abysses en quête de sa nourriture, ce qui détermine « l’organisation sociale » du clan.

Les chercheurs se demandent si les codas de la mère changent quand son jeune devient mature et redeviennent identiques au répertoire du clan.

Un coda pour identifier le clan

Jusqu’à maintenant, certains chercheurs pensaient que chaque cachalot avait son propre coda pour se faire identifier des autres individus du groupe. Mais les résultats du présent rapport suggèrent que les cachalots émettent ces codas pour signifier qu’ils appartiennent à un clan particulier et maintenir ainsi leurs liens sociaux.

Généralement, les clans sont constitués d’une douzaine de femelles avec quelques jeunes. Les jeunes mâles quittent le clan matriarcal pour rejoindre un groupe de mâles pour quelques années avant d’évoluer en solitaire à travers les océans. [Marine Mammal Science, Planet Earth]

Actualité - 20/1/2011

Christine Gilliet

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