Flex, un mâle du Pacifique du Nord-Ouest, a parcouru plus de 8 000 km. Parti le 4 octobre 2010 de l’île Sakhaline au large de la Russie, il a atteint les côtes de l’Oregon aux États-Unis au début février 2011. Avec ce suivi télémétrique exceptionnel, les chercheurs ont un nouvel éclairage sur le comportement migratoire de cette petite population en péril. Le projet de recherche a été mené par l’Oregon State University Marine Mammal Institute et la Severtsov Institute of Ecology and Evolution of the Russian Academy of Sciences (IEE RAS).
Une balise a été posée sur le dos de ce mâle âgé de 13 ans le 4 octobre 2010. Elle a permis d’enregistrer et d’émettre les positions géographiques successives de l’individu détectées par satellite. Après avoir quitté les abords de l’île Sakhaline, Flex a traversé la mer d’Okhotsk jusqu’à la côte ouest de la péninsule de Kamchatka. Il en a fait le tour par le sud pour traverser ensuite la mer de Bering sans rencontrer un couvert de glace important. Après un passage à travers les îles Aléoutiennes, il a rejoint le golfe de l’Alaska et est passé au large de la Colombie-Britannique fin janvier. Dans la première semaine de février, il a été repéré au large de l’Oregon.
Un nouvel éclairage sur le mode migratoire
Flex est bien connu des chercheurs depuis qu’il a été photo-identifié en 1997 quand il était un baleineau. L’été, il a été régulièrement observé dans la région de l’île Sakhaline, une des trois aires d’alimentation connues de la population des baleines grises du Pacifique du Nord-Ouest. Pour les chercheurs, les routes migratoires et les aires de reproduction de cette population en voie de disparition, estimée à seulement 130 individus, restent inconnues.
Cette surprenante migration apporte un nouvel éclairage sur le comportement des baleines grises du Pacifique du Nord-Ouest, mais les biologistes ne croient pas pour autant que toute la population migre vers l’est en hiver. Selon Bruce Mate, le directeur de l’Oregon State University Marine Mammal Institute, une migration vers le sud et la mer de Chine pourrait être une des autres options.
Un suivi télémétrique hors de la moyenne
La migration de Flex a duré jusqu’à maintenant 126 jours pendant lesquels la balise a émis plus de 1 500 messages. Des conditions de grosse mer ont parfois interrompu la réception satellitaire du signal pendant quelques jours, d’autant plus que la balise n’émet que quatre heures par jour pour économiser la batterie prévue pour durer un an.
Les précédents suivis télémétriques de l’équipe de l’Oregon State University ont duré en moyenne une centaine de jours avant que la balise ne se détache de l’animal, avec un record de 385 jours.
Encore plus vers le sud?
Pour Flex, les chercheurs ne savent pas combien de temps la balise va rester sur son dos. Si Flex continuait sa route vers le sud à cette vitesse, certaines de ses moyennes étant de 7 km par heure, il pourrait atteindre la Basse-Californie au Mexique d’ici six semaines. Les chercheurs envisagent d’intervenir pour tenter de relocaliser Flex s’il continuait sa route vers le sud et près de la côte.
Pendant son odyssée, Flex a parcouru des sites fréquentés par l’autre population de baleines grises, celle du Pacifique du Nord-Est, tels que le golfe de l’Alaska et la mer de Bering. S’il parvient en Basse-Californie, il arriverait après le départ des baleines grises de l’Est qui quittent leur aire hivernale de reproduction pour s’alimenter au nord. La population des baleines grises du Pacifique du Nord-Est, estimée à 26 000 individus, est un modèle de rétablissement depuis l’arrêt de la chasse et la mise en place de mesures de protection.[Oregon State University Marine Mammal Institute, Marin Independent Journal]
Pour en savoir plus:
Sur le site de Oregon State University Marine Mammal Institute (en anglais seulement)