Après avoir suivi l’odyssée de ce jeune mâle du Pacifique du Nord-Ouest lors de sa traversée de l’océan d’ouest en est, les chercheurs ont découvert Flex dans le catalogue de la population du Pacifique du Nord-Est, photographié en 2008 au large de Vancouver. Qu’est-ce qui pousse Flex à sillonner le Pacifique? Est-il le seul à effectuer de telles migrations?

Cet hiver, Flex a traversé le Pacifique et effectué un voyage de 8 585 km en 124 jours. Il a quitté les eaux de l’île Sakhaline au large de la Russie le 4 octobre 2010 et le dernier signal satellitaire l’a localisé le 4 février 2011 au large de l’Oregon. Depuis cette date, les chercheurs pensent que la balise émettrice, installée sur le dos de l’individu, s’est détachée.

Ce jeune mâle de 14 ans appartient à la population des baleines grises du Pacifique du Nord-Ouest, en danger de disparition et estimée à 130 individus. Si les chercheurs connaissent quelques sites d’alimentation de cette population, les routes migratoires et les aires de reproduction hivernale leur sont inconnues. De l’autre côté du Pacifique, le long des côtes de l’Amérique du Nord, une autre population d’environ 20 000 baleines grises, celles du Pacifique du Nord-Est, migre sur un axe nord-sud entre la Basse-Californie, la Colombie-Britannique et l’Alaska.

Chercher Flex dans le catalogue du Pacifique du Nord-Est

Les chercheurs russes et états-uniens travaillent sur les baleines de l’Ouest depuis 1995 et connaissent bien Flex depuis 1997, l’ayant suivi et photo-identifié régulièrement en saison estivale dans cette partie du Pacifique. A partir du moment où Flex a traversé l’océan, ils ont décidé d’envoyer ses photos à l’équipe du Cascadia Research Collective (CRC) à Olympia, Washington, dont le catalogue contient plus de 1 000 individus de la population de baleines grises de l’Est. Les chercheurs du CRC ont trouvé une photo de Flex prise en avril 2008 dans le détroit de Barkley à l’ouest de l’île de Vancouver. L’été suivant, il avait été photo-identifié près de l’île de Sakhaline, en Russie, un site d’alimentation des baleines grises du Pacifique du Nord-Ouest. Pour eux, voici la preuve que Flex a déjà effectué un aller-retour dans le Pacifique.

Trouver Flex dans le catalogue du Pacifique du Nord-Est n’a pas été une surprise totale. Un généticien de la National Oceanographic and Atmospheric Administration (NOAA) aux États-Unis avait analysé des prélèvements collectés sur des baleines de l’Est entre 1990 et 2006 au large des côtes pacifiques d’Amérique du Nord. Deux échantillons de peau prélevés sur des baleines grises au large de la Californie avaient des marqueurs génétiques identiques à ceux des baleines grises de l’Ouest du Pacifique. Ces résultats suggéraient qu’il y avait une « dispersion » ou des points communs entre les deux populations.

Pourquoi une telle migration?

Les chercheurs émettent l’hypothèse que Flex, en tant que jeune mâle, explore des territoires lointains, comme le font de nombreux cétacés à fanons ou autres mammifères. Avec ce comportement, ces jeunes mâles ne sont pas représentatifs de toute la population, mais seulement d’une partie.

Maintenant, les chercheurs sont en train de comparer la totalité des deux catalogues de baleines grises, celui de l’Ouest et celui du CRC à l’Est, afin de chercher d’autres appariements. Le processus pourrait durer deux mois, la recherche se faisant par comparaison visuelle de chaque cliché. Les résultats seront présentés au Comité scientifique de la Commission baleinière internationale (CBI) en juin 2011.[The Canadian Press, Forbes]

Pour en savoir plus:

Sur le site de The Canadian Press (en anglais seulement)

Actualité - 10/3/2011

Christine Gilliet

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