Ocean Park avait prévu de créer pour 2012 une nouvelle attraction sur le thème de l´aventure polaire avec des bélugas en aquarium, afin de sensibiliser le public aux changements climatiques et de délivrer un message de conservation. Mais, sa direction vient d´annoncer l´arrêt de ce projet qui avait provoqué une large contestation. Cette décision ne passera certainement pas inaperçue parmi les aquariums du monde entier.
Une option avait été prise par Ocean Park pour six bélugas, parmi les 13 capturés au sein de la population de la mer d´Okhotsk, et qui sont déjà en captivité dans un bassin en Russie. En février 2011, la direction avait fait part de sa préoccupation de constituer un groupe assez important de bélugas pour que la dynamique sociale puisse continuer à se faire en captivité.
Après une étude scientifique favorable, le renoncement au projet
« Après mûre réflexion, nous avons décidé de ne pas poursuivre vers l´acquisition de bélugas sauvages même si la capture de quelques individus a été démontrée comme viable et non préjudiciable », a déclaré Allan Zeman, le président d´Ocean Park. Ce projet avait été vivement critiqué par des acteurs de la conservation, regroupés en une coalition, et entraîné une réaction négative dans le public.
En effet, Ocean Park avait commandé une étude sur les impacts potentiels de ces captures sur la population de la mer d´Okhotsk il y a environ cinq ans. Cette étude a bien été réalisée par un regroupement d´experts indépendants et révisée par l´Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
Le béluga (Delphinapterus leucas) figure sur la Liste rouge de l´IUCN sous le statut d´espèce proche d´être menacée (« Near Threatened (NT) », en anglais) depuis 2008. Au Canada et aux États-Unis, de telles captures ne sont pas autorisées, contrairement à la Russie qui fournit des bélugas sauvages à des parcs d´attractions dans le monde entier.
Une question d´éthique et l´expression d´un choix de société
« La décision d´Ocean Park est étonnante, commente Robert Michaud, président et directeur scientifique du Groupe d´éducation sur les mammifères marins (GREMM) à Tadoussac, au Québec. Leur choix répond aux préoccupations de la société, ils ont entendu les critiques. Cette corporation a fait une démarche très sérieuse pour évaluer la viabilité de ces captures d´animaux sauvages, une démarche responsable et innovatrice. Les résultats de l´étude leur ont donné en quelque sorte le feu vert. L´ensemble de cette démarche a établi un précédent, un exemple à suivre pour les autres aquariums, c´est-à-dire le fait d´avoir engagé des observateurs indépendants pour la conduite de l´étude et d´avoir fait réviser les résultats par l´UICN ».
Robert Michaud prolonge son commentaire sur les aspects éthiques de cette démarche. Il précise que le rôle des scientifiques n´est pas de fournir de réponse au sujet de l´acceptabilité de la capture d´animaux sauvages et de leur introduction dans un milieu artificiel, mais plutôt de donner une réponse la plus objective possible. « C´est une question indépendante, soumise à l´ensemble de la société, dont les scientifiques font partie. C´est un choix de société », ajoute-t-il.
D´autres questions entrent aussitôt en ligne de compte: les conditions de vie en captivité sont elles acceptables? Peut-on garder tous les animaux en captivité? Les dauphins et les bélugas sont-ils trop intelligents pour cela? Ce débat anime autant les scientifiques que le grand public, et ceci à double titre: ces questions se posent à la fois dans le contexte des parcs d´attractions que dans celui de la recherche scientifique.[China Daily, AFP, UICN]
Pour en savoir plus:
Sur le site de China Daily (en anglais seulement)